Parmi les prodiges attribués à Georg Faust, on cite celui-ci. Il invitait ses amis dans les tavernes, mais au lieu de commander à boire, il faisait des trous sur les tables et voilà que des jets de vin – et du meilleur ! – en sortaient, abreuvant tout le monde. Les chroniqueurs, qui rapportent ce fait, attestent qu'il ne s'agissait pas d'une illusion ; le vin étant bien réel ! C'est en 1580 qu'un auteur anonyme, dans lequel on soupçonne quelque moralisateur luthérien, écrit une biographie du personnage, soutenant qu'il s'agit effectivement d'un magicien. Mais Faust, selon lui, tenait ses pouvoirs du démon, Méphistophélès, qui, en échange de son âme, lui donnait tous les pouvoirs. Ainsi, après une longue vie de plaisirs et d'aventures, il meurt et le diable vient s'emparer de son âme pour lui faire subir son châtiment. C'est là un avertissement à tous ceux qui sont tentés de se laisser aller aux plaisirs et aux péchés. Ce livre a connu un grand succès et Christopher Marlowe a tiré de la traduction anglaise une pièce, La tragique histoire du docteur Faustus, qui a été jouée à Londres en 1590. Mais l'ouvrage le plus célèbre, tirée de l'histoire de Faust est celui de Goethe, Faust. Goethe conserve l'histoire du pacte passé avec le diable, qui donne au personnage de nombreux pouvoirs magiques, mais il en fait aussi un homme assoiffé de connaissances et d'expériences et recourant au diable pour satisfaire sa curiosité. C'est presque un savant ! D'ailleurs, au XIXe siècle, la pensée scientiste va faire de Faust un pendant de Prométhée, le héros de la mythologie qui a volé le feu aux dieux : c'est le symbole de l'humanité aspirant à la connaissance, au progrès et à la liberté d'action.