Résumé de la 40e partie n L'inspecteur apprend par Mrs Lawton, que Sheila est une enfant illégitime... Il semble bizarre qu'elle n'ait jamais cherché à prendre des nouvelles de son enfant ? — Pas quand on connaît Anne. Elle a du caractère, et puis entre elle et moi il n'y a jamais eu la moindre intimité. J'étais de beaucoup sa cadette, de douze ans. — Je comprends, fit Hardcastle se levant. Merci beaucoup de votre franchise, Mrs Lawton. Et de sa poche il sortit la photo. — Tenez. Le connaissez-vous ? Elle le scrutait. — Non, je n'ai jamais vu cet homme. — Bien. Inutile de vous déranger plus longtemps, puisque votre nièce n'est pas encore rentrée. — Oui, en effet, elle a du retard, observa Mrs Lawton. C'est surprenant. Heureusement qu'Edna ne l'a pas attendue. Devant l'air interrogateur d'Hardcastle, elle s'expliqua. — Une de ses collègues de bureau, venue ce soir pour voir Sheila. Après quelques instants, elle m'a dit qu'elle n'avait pas le temps d'attendre plus longtemps. Brusquement, l'inspecteur se souvenait : la jeune fille qu'il avait croisée dans la rue, c'était celle qui l'avait accueilli à l'agence Cavendish, le jour du meurtre, celle qui brandissait une chaussure au talon cassé. — Une amie de votre nièce ? fit-il. — Non, pas exactement. Elles travaillent ensemble mais ne sont pas tellement liées. A vrai dire, son vif désir de voir ma nièce ce soir m'a surprise. Elle m'a dit qu'il y avait quelque chose qu'elle ne comprenait pas et qu'elle voulait avoir l'avis de Sheila. Sur le point de partir, l'inspecteur lui demanda encore : — Et les prénoms de votre nièce, qui donc les a choisis ? — Sheila était le nom de notre mère. C'est ma sœur qui a choisi Rosemary. C'est pourtant romantique et ne lui ressemble pas du tout. Au tournant de la rue, l'inspecteur se répétait encore : «Rosemary... hum... Rosemary... Réminiscence, ou bien alors...» Ayant remonté Channg Cross Road, je m'enfonçais dans ce lacis de boyaux qui serpentent entre New Oxford Street et Covent. Garden, truffés de commerces insoupçonnés : antiquités, chaussons de danse et cliniques de poupées. Malgré l'attrait des paires d'yeux bruns et bleus de la clinique pour poupées, j'arrivai enfin à mon but : une minable petite librairie dans une des ruelles proches du British Museum. Dehors, l'éventaire habituel de livres : vieux romans, manuels, étiquetés 3d, 6d, 1sh ; occasions de toutes sortes parmi lesquelles s'alignaient quelques aristocrates possesseurs de presque toutes leurs pages, parfois même reliés. Je me glissai de biais par la porte, ce qui était impératif car de tous côtés, en équilibre précaire, s'étageaient des livres qui chaque jour mordaient un peu plus sur le passage jusqu'à la rue. (A suivre...)