Résistance n Le chef de l'Etat, en dépit des manifestations et d'une contestation populaire réclamant son départ s'accroche au pouvoir. «Nous leur disons, venez, discutons ensemble d'une solution à feu doux consistant à transférer le pouvoir pacifiquement. Nous ne nous agrippons pas au pouvoir, mais on ne peut pas le donner à n'importe qui», a déclaré M. Saleh à propos de l'opposition, qui réclame son départ immédiat. Dans une interview à la télévision Al-Arabiya, diffusée dans la nuit d'hier, le Président yéménite Ali Abdallah Saleh s'est dit prêt à partir, mais s'est présenté comme le dernier rempart contre le chaos et la «somalisation» du pays. «Il est anormal qu'une minorité torde le bras à la majorité», a-t-il dit en affirmant que ses partisans étaient majoritaires dans le pays et que l'opposition ne représentait qu'une fraction des Yéménites. «Je n'ai pas pour culture de m'accrocher au pouvoir, mais je vais m'y accrocher à n'importe quel prix pour le transférer de manière pacifique et aucunement sous la pression», a-t-il martelé. Il a accusé les islamistes de «surfer sur le mouvement des jeunes» qui agite les pays arabes et affirmé que son pays était «une bombe à retardement», qui risque de basculer dans une situation à la somalienne si les opposants persistent à vouloir demander son départ. M. Saleh a répété son appel au dialogue aux opposants : «Qu'on se réconcilie et qu'on transfère le pouvoir dans deux mois, dans quatre mois et même dans une heure non pas à des personnes mais au peuple à travers ses institutions représentatives.» Mais il s'est montré en même temps sceptique sur la capacité des opposants à gérer le pays. «Je les mets au défi (...) de trouver des solutions aux problèmes du Yémen, même si le Président part dans deux heures.» «On était deux pays il y a 22 ans», le Yémen «sera partagé en trois ou quatre entités (...) et ils [les opposants] ne pourront contrôler que Sanaa et quelques provinces», a averti le chef de l'Etat. «Cela conduira le pays vers l'inconnu et je suis responsable de la sécurité du pays que je dois conduire en eaux calmes», a-t-il encore dit M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, est confronté depuis fin janvier à un mouvement de contestation populaire réclamant son départ et qui s'est accentué après la mort le 18 mars de 52 manifestants. Six militaires tués dans une attaque Six militaires yéménites ont été tués et quatre autres blessés aujourd'hui, dimanche, au cours d'une attaque attribuée à Al-Qaîda dans la province de Marib, à l'est de Sanaa, selon des sources militaires et tribales. Un responsable militaire a indiqué que des hommes en armes avaient attaqué un convoi de l'armée, incendiant un véhicule et saisissant deux autres. Selon des sources tribales, l'attaque était menée par Aaed al-Chabwani, un des principaux chefs locaux d'Al-Qaîda, recherché par les autorités. Al-Qaîda est bien implanté à Marib, où trois policiers et trois membres présumés du réseau avaient été tués lors d'affrontements le 17 mars.