Malgré les manifestations nombreuses réclamant son départ et malgré le nombre très élevé des victimes, le président yéménite Ali Abdallah Saleh s'accroche au pouvoir et se dit prêt à résister pour le garder. «Nous sommes toujours là, solides comme le roc, et nous ne seront pas ébranlés par les événements», a déclaré M. Saleh devant des notables. «Notre peuple a surmonté par le passé des tas d'obstacles et il sortira plus fort de l'épreuve actuelle», a-t-il encore assuré Son parti a, de son côté, exclu hier, toute défection du président Saleh, déterminé à «résister» à ses adversaires qui réclament un changement de régime, alors que six membres présumés d'Al Qaïda ont été tués dans un accrochage avec l'armée hier dans le Sud. «Le pouvoir ne sera remis qu'à celui que choisira le peuple à travers des élections, le seul moyen pour une transition pacifique du pouvoir», a déclaré hier aux agences de presse étrangères Tarek Al Chami, porte-parole du parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG). Réuni vendredi dernier à Sanaa, le bureau politique du CPG présidé par M. Saleh a passé «en revue les positions obstinées du parti Al Islah et de ses alliés [...] qui ont fermé la porte du dialogue et cherché l'escalade». Parmi ces alliés, le bureau politique a cité les partis de l'opposition parlementaire, la rébellion chiite du nord du Yémen et le réseau Al Qaïda. La manifestation de soutien au président Saleh, organisée vendredi à Sanaa parallèlement à celle des protestataires, exprime «l'attachement du peuple à la légalité constitutionnelle», a estimé le bureau politique. La manifestation de Sanaa a rassemblé «trois millions de personnes» et dix millions de Yéménites au total ont manifesté vendredi dernier dans le pays pour soutenir le président Saleh, a affirmé le CPG. Des correspondants de presse ont fait état, de leur côté, de plusieurs centaines de milliers de manifestants à Sanaa. «Le peuple a ainsi dit son mot. Il n'accepte que la légalité constitutionnelle», a expliqué le porte-parole du CPG, ajoutant qu'«en l'absence d'une entente nationale», rendue impossible par l'opposition, «nous nous attachons au processus constitutionnel, qui prévoit l'élection présidentielle en 2013». «Il est inacceptable et illogique de passer outre la légalité constitutionnelle ou que la minorité puisse imposer sa volonté à la majorité des masses populaires», a souligné le bureau politique du CPG qui impute «la grave escalade de la crise au Yémen au parti Al Islah et à ses alliés». Au pouvoir depuis trente-deux ans, mais de plus en plus isolé après le désaveu de dignitaires religieux et de chefs tribaux, le président Saleh a affirmé vendredi qu'il n'était pas disposé à céder le pouvoir à une «minorité» et à des opposants qu'il a qualifiés «d'aventuriers et de comploteurs». Dans le sud du pays, on annonce, par ailleurs, la mort de six membres présumés d'Al Qaïda dans un accrochage avec l'armée dans la province d'Abyane. Ce bilan a été confirmé par une source médicale d'un hôpital de Loder. Certaines régions du Yémen, notamment dans le Sud, échappent de plus en plus au contrôle du pouvoir central, notamment après la défection de chefs de l'armée ayant rejoint le mouvement réclamant le départ du président Saleh. G. H.