Parcours Soixante-deux ans de carrière accomplis par un grand nom du chaâbi ont inspiré un mélomane, et pas n?importe lequel. Mohamed Hassaïne a voué toute sa vie à la presse, mais aussi à un genre musical très apprécié par les Algérois. Une passion qui l?habite depuis l?enfance et à laquelle il consacre aujourd?hui un ouvrage. Si plusieurs artistes ont fait l?objet d?articles signés M. Hassaïne, c?est le prestigieux Boudjema El-Ankis qui est au c?ur de ce livre intitulé Hadj Boudjema El-Ankis ? Mémoire algéroise du chaâbi. L?auteur commence par évoquer l?enfance de celui qui était encore Mohamed Arezki Boudjema, né à La Casbah le 17 juin 1927. Cette enfance, le futur chanteur la passera dans les quartiers de Notre-Dame d?Afrique ? où sa famille déménagera lorsqu?il aura 13 ans ? et l?ancien Saint-Eugène, dans l?ambiance des fêtes familiales et des galas animés par de grands noms du chaâbi, tel Hadj M?hamed El-Anka. Le maître le marquera très tôt, au point qu?il empruntera la même voie alors qu?il n?a que 15 ans. Faisant déjà partie de l?orchestre de l?artiste Mohamed Kebaïli, Boudjema El-Ankis anime une soirée familiale qui lui ouvre le chemin de l?art. D?autres soirées suivront et, en 1945, c?est le début d?un long parcours que retrace l?auteur dans son ouvrage. Boudjema El-Ankis naîtra de l?imagination de son ami Brahim Abed, coiffeur, qui connaissait la grande admiration du jeune chanteur pour le maître du chaâbi, Hadj M?hamed El-Anka. Mais le nom d?artiste seulement, car la renommée viendra de l?effort de recherche et du travail de l?artiste lui-même. Des qaçaïd verront le jour et, peu à peu, enrichiront le répertoire de l?artiste, qui s?affirmera. Mohamed Hassaïne remonte le fil et raconte la naissance des ?uvres de Boudjema El-Ankis, telles que Ch?hilette layani, inspirée en 1951 du film Gilda interprété par l?actrice américaine Rita Hayworth. Il évoque l?ambiance des fêtes familiales et les récitals animés par l?artiste, dont la popularité commence à grimper. Les vieux mélomanes replongent, à travers les témoignages d?amis et de chanteurs rapportés par l?auteur, dans cette ambiance propre à une période où le chaâbi était considéré par la plupart des Algérois comme un style de vie. Plus même, une raison de vivre. M. Hassaïne, qu?un lien de parenté lie à Boudjema El-Ankis ? il l?a d?ailleurs écrit ? s?est fait le plaisir de renouer avec ses souvenirs et d?agrémenter son livre de photos montrant le chanteur avec ses fans, ses amis et sa famille.