Palette n «Chadjara» est le thème de l'exposition picturale qui se tient depuis hier, et ce, jusqu'au 20 avril au Palais de la culture. La performance est signée Djahida Houadef, et, comme le titre l'indique, les peintures (techniques mixtes sur papier) abordent le thème de l'arbre. Elles le développent en une palette chromatique subtilement imaginée, puisée dans sa sensibilité et suivant habilement son instinct créatif. Ce sont des peintures d'instinctif. Car tout est peint dans l'instantané, selon le flair et l'humeur du moment. L'artiste se fiait à son sensitif. Rien ne semble – à en juger par la manière dont chacune est réalisée – dire qu'elles sont exécutées avec un geste mesuré, éveillé ou volontaire. Ce ne sont pas des peintures intelligentes. Tout est souvenir, subconscient ou affectif. L'artiste suit son intuition, celle-ci lui dicte le choix des couleurs, leur disposition sur la surface du papier, leur tracé comme leur forme, et aussi leur fioriture. Ses peintures sont un hymne à la nature. Belle et verdoyante. Exubérante et accueillante. L'arbre occupe le centre de la création. Il y est représenté autrement, différemment de ce qu'il est en réalité. L'artiste ne le reproduit pas de la même manière qu'il est perçu par la rétine de l'œil. L'image est prise, enregistrée, puis travaillée (et retravaillée) par ses catégories mentales. Il y a une attention intime dans le jeu de la représentation, tout comme dans celui de la composition des tonalités chromatiques. L'arbre, tout comme la nature dans laquelle il est planté, est transfiguré. Tout l'extérieur – tracé, calculé, géométrisé – est recréé dans le resplendissement des couleurs. Il y a une débauche et une exaltation de couleurs. Ce sont également des peintures luxuriantes et d'apparat. Richesse et variété sont au menu de sa création qui, éclatante et panachée, se veut un clin d'œil à l'écologie, à savoir promouvoir la nature. Le monde que compose l'artiste et qu'elle aborde avec des sens toujours vierges, continuellement renouvelés, une sensibilité neuve et intense, manifestement perceptible jusqu'au plus profond de notre regard, séduit et contemplatif, ce monde renferme ce pouvoir de nous dépayser, de nous amener à rêver et à franchir aussitôt la frontière, cette limite qui sépare le tangible de l'onirique. L'artiste montre dans son œuvre des aspects sans cesse variés. D'une peinture à l'autre, et même si toutes semblent, dès le premier regard, presque identiques, se répétant à l'infini, le regard ne se lasse à aucun moment. Parce qu'elles sont différentes et offrent une réalité plurielle. Tout est dans le détail, dans l'approche et dans cette façon d'élaborer la nature, l'arbre. Avec ces peintures, on s'introduit d'emblée dans l'intimité de l'artiste, on partage ses souvenirs, on s'imprègne de ses émotions «subcontionnelles». Cela revient sans doute à dire que même si, au premier abord, l'univers de l'artiste semble réellement imaginaire, il finit toutefois par devenir une réalité manifeste, incontestable dans la mesure où nous sommes invités à pénétrer dans sa vie affective, à vivre ses réminiscences intérieures.