Expression n Nature morte, tel est l'intitulé de l'exposition de la plasticienne Djahida Houadef, une nouvelle collection présentée au Palais des Raïs (ex-Bastion 23). Comme l'indique le titre, cette nouvelle création s'organise en formes comme en couleurs autour de la nature morte, un thème qu'elle aborde avec une approche personnelle, selon son imaginaire et suivant sa sensibilité. D'une peinture à l'autre, l'on constate que la nature occupe une place prépondérante dans le travail pictural de l'artiste ; et par excellence, elle constitue, pour elle, un sujet de prédilection : source d'inspiration, elle donne naissance à des peintures attirantes, savoureuses et gracieuses, pleines de charme, de beauté et de poésie. «Il y a en effet une exaltation, une adoration pour la nature», explique la plasticienne, ajoutant : «La nature est pour moi quelque chose qui dépasse toute chose matérielle, c'est quelque chose de divin, quand on est proche de la nature, on est proche de notre Créateur, c'est au-delà de tout matériel, de l'éphémère.» On y voit représenté l'aspect végétal fruits, fleurs, ainsi que l'élément animal : abeilles et poissons. Il y a même l'objet, celui façonné par l'homme comme une faïence ou un vase, tous deux, c'est-à-dire la matière qui a servi à leur fabrication est puisée dans la nature. «J'intègre en effet plusieurs éléments de la nature morte, qu'ils soient végétaux ou animaux», souligne-t-elle, et de rétorquer : «J'utilise aussi des objets façonnés par l'homme qui sont pris de la nature également. Tout est puisé dans la nature.» La nature est alors évoquée, représentée, exaltée aussi bien dans sa beauté que dans sa splendeur, et ce, notamment, par une palette riche en couleurs. «Je suis pour les couleurs, la lumière», dit-elle, et de reprendre : «J'utilise toutes les couleurs disponibles, qui sont autour de moi, que je vois personnellement, parce que ce n'est pas tout le monde qui voit les mêmes couleurs, car c'est un goût personnel, une approche individuelle, proche de l'intimité. Pour moi, la lumière contient toutes les couleurs et il n'y a pas une raison pour préférer une couleur à une autre.» La diversité des couleurs, des tons et des nuances, confère à chacune des peintures un caractère d'exubérance et de féerie. C'est l'enchantement assuré. L'on constate, par ailleurs, d'une peinture à l'autre, une ressemblance, mais elles diffèrent, en les examinant de plus près, dans la composition des éléments qui agencent et structurent le contenu. Comme l'on peut constater également que la nature morte ne semble pas tout à fait figée comme nous sommes enclins à le croire. «La nature morte paraît certes figée, inerte, quelque chose qui ne bouge pas, mais en fait par le traitement de l'artiste au niveau de la technique, de la composition et des couleurs elle a une vie, une âme. Je donne une autre dimension, une autre vision de la nature morte», explique la plasticienne pour qui la nature morte représente «une image véhiculant un instant de vie, une histoire… Elle est témoin d'un vécu.» l La nature telle que représentée dans les peintures de la plasticienne est différente de celle que l'œil perçoit. Il ne s'agit pas d'une reproduction littérale – et identique – de la nature. Bien au contraire, c'est une nature telle que le mental se fait d'elle, c'est-à-dire onirique, transfigurée. «La nature est transfigurée par mon imaginaire et par mes sens surtout, parce que ce que je représente n'est pas une image qui est proche de ce qu'on voit, mais une image que je vois avec mon existence, avec mes sens, avec mon imagination et mon vécu qui, lui, véhicule ma sensibilité, mon histoire.» La nouvelle collection présentée au public s'inscrit dans la continuité que l'on perçoit dans les éléments qui la constituent et la mettent en rapport avec son style et son imaginaire. «Il y a effectivement un rapport avec l'ancien travail : il y a le côté végétal, floral, c'est un travail qui n'est pas détaché de mon style, cette collection est en rapport avec ma démarche picturale, c'est-à-dire on y retrouve ma touche personnelle, mon graphisme, mes couleurs, mais vu sous un autre angle, où j'ai concentré et posé mon regard sur les objets. Il n'y a pas vraiment une rupture, la rupture est dans le sujet, mais pas dans la technique, ou la façon de faire.» Djahida Houadef, qui conçoit dans son univers pictural le monde végétal et floral, en lui conférant une vision onirique, mythologique même, a eu l'idée d'entamer une collection de nature morte pour se rapprocher de la nature. «Avant, je ne peignais pas les natures mortes, j'avais mon style, un thème sur lequel je travaillais, les personnages, l'extérieur et l'intérieur», dit-elle, ajoutant : «Ce qui m'a poussé à entamer un travail sur la nature morte, c'est que je voulais me rapprocher de la nature, en avoir une autre approche, plus intimiste. Je voulais peindre les choses de la nature, parce qu'elles sont les témoins de l'histoire, elles sont là, autour de nous, donc j'ai posé un regard sur ces choses-là – des instantanés – qui peuvent être éphémères, et comme sur des choses qui peuvent aussi rester figées un moment, un peu comme la photographie, qui véhicule des sensations et un vécu.»