Les Algériens prennent trop de médicaments et un peu n'importe comment puisqu'ils ne jugent pas toujours nécessaire d'obtenir une ordonnance. C'est le constat fait par le ministère de la Santé qui préconise un plan d'action pour mettre fin à cette pratique dangereuse. En effet, le réflexe, devenu banal, de s'acheter des médicaments sans recourir à l'avis d'un médecin peut s'avérer à la longue plus préjudiciable qu'on ne le pense. Qui dit abus de consommation, dit automédication, un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur avec des dégâts incommensurables sur la santé et surtout une efficacité de plus en plus réduite des médicaments. Djamel Ould Abbès a souligné, à cet effet , qu'il est temps de prendre des mesures, car «une réponse est d'autant plus urgente que les données rapportées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont effrayantes». Entre autres mesures, un plan sectoriel de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, qui est en cours d'élaboration et qui sera «transmis au gouvernement la semaine prochaine pour son adoption». Selon le ministre, ce plan qui vient renforcer les structures sanitaires devra être appuyé par l'élaboration de schémas thérapeutiques consensuels, ainsi que la mise en œuvre d'un programme de communication visant le grand public, les professionnels de la santé en matière de prescription, et de bon usage des médicaments y compris en matière de lutte contre l'automédication. Des journées de sensibilisation de lutte contre ce phénomène seront lancées prochainement à travers les pharmacies, a-t-il encore annoncé. Le ministre a insisté sur le fait que «si rien n'est fait pour endiguer, à travers le monde, le développement du phénomène de la résistance aux antimicrobiens, de nombreux médicaments, et pas uniquement ceux de première intention, utilisés dans le combat contre les maladies les plus fréquentes risquent de devenir inefficaces». Selon l'OMS, près de 440 000 nouveaux cas de tuberculose multirésistance font leur apparition chaque année dans le monde, entraînant au moins 150 000 décès, a indiqué le ministre. Ce dernier a en outre, évoqué les centres de référence de lutte contre les maladies infectieuses, déplorant «le manque d'investissement des laboratoires mondiaux dans la production des antimicrobiens et des antiparasitaires car devenue non lucrative». Interrogé sur la question, le directeur de l'institut Pasteur a mis en exergue le rôle des pharmaciens et des médecins. «Les médecins ne doivent en aucun cas prescrire les antibiotiques au malade sauf pour des infections bactériennes», a-t-il averti. De son côté, le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé, dans un message lu par le coordinateur résident du système des Nations unies en Algérie, à lutter contre la pharmaco-résistance ou ce qui est appelé la résistance des maladies aux médicaments. M.Ban Ki-moon a souligné que «la découverte des antibiotiques a eu des répercussions profondes, mais l'apparition d'organismes pharmaco-résistants vient, aujourd'hui, remettre en question l'efficacité d'un certain nombre de ces précieux médicaments», en faisant observer que la résistance aux médicaments pourrait remettre en cause l'efficacité d'autres médicaments et techniques modernes utilisés pour lutter contre certaines maladies non transmissibles. A noter enfin que la célébration de la Journée mondiale de la santé, qui s'est déroulée à l'Institut Pasteur d'Alger, a eu pour thème cette année «La lutte contre la résistance aux antimicrobiens» et pour slogan «Agir aujourd'hui pour soigner encore demain».