Constat n La mémoire collective d'un peuple réside dans son architecture et dans ses constructions, la Casbah d'Alger est un lieu de mémoire autant que d'histoire, en voie de disparition, si rien n'est entrepris pour la sauver. «Nous avons demandé à plusieurs reprises la mise en place d'un plan de sauvegarde et d'un cahier des charges pour la restauration de la Casbah, conformément à l'architecture», ont indiqué dernièrement des membres de la fondation Casbah. Des maisons ont été étayées depuis plusieurs mois, mais elles n'ont jamais été véritablement restaurées. Les habitants, partagés entre ceux qui ont choisi de continuer à demeurer là où ils ont vu le jour et ceux qui y sont obligés faute de moyens, souhaitent que les pouvoirs publics trouvent de vraies solutions à ce problème. Actuellement, plus de 500 maisons menacent ruine, selon les chiffres communiqués par la fondation Casbah. Cette dernière, qui œuvre depuis plusieurs années pour la restauration et la protection de ce patrimoine national, rencontre de nombreuses difficultés. «Nous sommes sur le terrain pour lutter contre l'oubli, la dégradation, le pillage et la protection de ce patrimoine», a déclaré son président, Belkacem Babassi, lors d'une conférence de presse tenue au forum d'El Moudjahid, à l'occasion de la commémoration de la Journée nationale de la Casbah, qui coïncide avec le 28 février de chaque année. «Cependant, poursuit-il, la fondation toute seule ne peut rien faire. Il faudrait une mobilisation des citoyens, des associations et bien sûr des pouvoirs publics.» Certains quartiers de ce site ont totalement disparu. Chaque fois qu'une ancienne bâtisse s'effondre, on goudronne l'endroit ou on le transforme carrément en place publique ou en un petit parking. «La fondation Casbah n'a jamais ménagé ses efforts pour la protection de ce patrimoine, toutefois elle ne peut, à elle seule, le sauver», a admis avec amertume Ali Mebtouche, ex-président de la fondation. «Il y a certains responsables qui ne mesurent pas la gravité de la situation au niveau de la Casbah. Si des pages entières de notre histoire sont déchirées, la responsabilité incombera aux autorités», a-t-il martelé. La Casbah a souffert d'une gestion amphigourique durant une vingtaine d'années, soit de 1978 à 1998, bien qu'un organisme ait été créé en 1985, à savoir l'Office de gestion et de régulation des opérations de la Casbah d'Alger appuyé par une entreprise algérienne de restauration (Erc), à l'instar de Sonabita, des entreprises algériennes qui ont démontré leur savoir-faire dans le domaine de la restauration. Les intervenants ont également soulevé la question de la mauvaise réhabilitation, pour avoir octroyé des travaux de restauration à des personnes qui ignorent tout de l'architecture et de la restauration du patrimoine et de certains sites historiques fragiles, qui nécessitent un savoir-faire et des experts en la matière. «La restauration est un art, et ce n'est pas donné à n'importe quelle personne de faire des travaux de réhabilitation», a déclaré M. Mebtouche. «La restauration de la Casbah est non seulement un enjeu civilisationnel et culturel, mais également un enjeu économique et touristique, vu qu'elle peut créer des postes d'emploi et attirer de nombreux touristes», a noté M. Babassi.