Intervenant, avant-hier, au Forum d'El Moudjahid, le conférencier s'est insurgé contre ceux qui prétendent être les maîtres de la restauration mais qui ne sont en réalité que de simples constructeurs. «La responsabilité de la destruction de la Casbah incombe aux pouvoirs publics, notre responsabilité morale est dégagée», a-t-il ajouté. Pour étayer ses dires, M. Mebtouche a fait savoir que, lors d'une opération de restauration dudit site, le gouvernement a octroyé des logements destinés au relogement des familles, 2 000 unités ont été détournées et le transfert de ces mêmes familles a été bloqué, «à chaque changement de gouvernement, le projet de restauration est remis aux calendes grecques», a fulminé l'ex-président. Plus virulent, M. Abdelhakim Meziani, membre de ladite fondation, a pointé un doigt accusateur sur «les ennemis de l'Algérie, ceux qui ont mené la Casbah à une situation inextricable et apocalyptique». «Depuis 1962, un dialogue de sourd est mené, et nous avons perdu l'habitude de se regarder dans les yeux. Ces mêmes ennemis ont dépossédé la Casbah de son historicité et de sa civilisation. Ce drame est vécu par toutes les médinas du pays, chaque jour, un pan de notre histoire s'en va», a-t-il regretté. Pour sauver cette Casbah de la ruine, Meziani préconise la mise sur pied d'un front social regroupant toutes les associations versant dans la sauvegarde de la Casbah. Sur la même lancée, le président de la fondation Casbah, M. Babaci, a mis a nu les pratiques malhonnêtes de la «mafia» qui, attirée par le gain facile, évoquant, pour cela, la vente de résidences privées, le pillage des matériaux utilisés jadis pour la construction de la citadelle, «la Casbah est devenue un simple dortoir, un immense centre de transit». Par ailleurs, tenant à dénoncer l'inertie du ministère de la Culture, M. Babaci a indiqué qu'en 2000, 23 spécialistes algériens se sont réunis afin de débattre de la réhabilitation de la Casbah, un dossier a été constitué avec l'appui des experts internationaux de l'UNESCO. «La ministre de la Culture nous avait assuré que ledit dossier allait être son livre de chevet, malheureusement, aucune suite n'a été donnée.» Sur ce, le président de la fondation Casbah interpelle, pour la énième fois, les autorités concernées pour une prise en charge de ce patrimoine qui se consume chaque jour un peu plus. «Beaucoup reste à dire, mais cela serait long, nous nous contenterons d'adresser un appel à toutes les autorités pour un sursaut ultime dans la perspective d'un recouvrement salutaire et urgent de notre histoire et aussi de notre mémoire», lit-on dans le dossier de presse remis aux journalistes.