Oubli n La Casbah, ce patrimoine national inestimable qui fait partie de la mémoire collective des Algérois, mais également de tout le peuple algérien, est en danger, et rien de «concret» n'est fait pour le sauver. La Fondation Casbah, qui œuvre depuis plusieurs années pour la restauration et la protection de ce patrimoine national, rencontre de nombreuses difficultés. «Nous sommes sur le terrain pour lutter contre l'oubli, la dégradation et le pillage et pour la protection de ce patrimoine», a déclaré son président, Belkacem Babassi, lors d'une conférence de presse tenue hier au Forum d'El Moudjahid à l'occasion de la commémoration de la Journée nationale de La Casbah, qui coïncide avec le 28 février de chaque année. Certains quartiers de ce site ont totalement disparu. Chaque fois qu'une ancienne bâtisse s'effondre, on goudronne l'endroit ou on le transforme carrément en place publique ou en un petit parking. «La Fondation Casbah n'a jamais ménagé ses efforts pour la protection de ce patrimoine, toutefois elle ne peut pas le sauver toute seule», a admis avec amertume Ali Mebtouche, ex-président de la fondation. Ce dernier s'est dit consterné par la politique du ministère de la Culture qui a organisé plusieurs festivals dans différents domaines, sans se pencher sérieusement sur les problèmes de La Casbah afin de mettre en place un «véritable» programme de restauration. «Je ne suis pas contre ces activités culturelles, mais il y a des choses plus importantes», a dit M. Mebtouche. Selon lui, il est inconcevable d'organiser des festivals qui coûtent les yeux de la tête alors que les gens n'ont pas où habiter. «Il y a certains responsables qui ne mesurent pas la gravité de la situation au niveau de La Casbah. Si des pages entières de notre histoire sont déchirées, la responsabilité incombe à nos autorités», a-t-il martelé. Les intervenants ont abordé le problème du pillage qui a pris de l'ampleur ces dernières années. Certaines personnes volent les différents types de faïence, colonnettes et autres objets traditionnels inestimables. Ces pièces artistiques, uniques en leur genre, sont ensuite vendues pour être utilisées comme objets de décoration dans de somptueuses villas. Les intervenants ont également soulevé la question de la mauvaise réhabilitation due au fait d'octroyer des travaux de restauration à des gens qui ne comprennent rien à l'architecture et encore moins à la restauration du patrimoine et de certains sites historiques fragiles qui nécessitent un savoir-faire et des experts en la matière. «La restauration est un art, et ce n'est pas donné à n'importe quelle personne de faire des travaux de réhabilitation», a déclaré M. Mebtouche. «La restauration de La Casbah est non seulement un enjeu civilisationnel et culturel mais également un enjeu économique et touristique, vu qu'elle peut créer des postes d'emploi et attirer de nombreux touristes», a conclu M. Babassi.