Avis n La dépénalisation du délit de presse, annoncée par le président de la république dans son discours à la nation, «est un acquis formidable» a noté le Dr Brahim Brahimi, spécialiste du droit de l'information et directeur de l'école nationale supérieure de journalisme. Dans une déclaration, hier, à Infosoir, Brahim Brahimi estime que la dépénalisation du délit de presse est «la seule chose concrète et positive» annoncée par le président de la république. Maintenant, explique notre interlocuteur, il est temps d'aller plus loin et ouvrir le champ médiatique, mais aussi instaurer une véritable loi sur la liberté de la presse. «Un code de l'information est fait pour régir et contrôler la liberté de la presse. Une loi pour la liberté de la presse est là pour protéger cette liberté. Il faut qu'il y ait une véritable loi sur la liberté de la presse. Si le président demande la participation des partis politiques et des journalistes, cela veut dire que ce sera une loi sur la liberté de la presse. Et là, c'est aux journalistes de faire en sorte que la prochaine loi ne soit pas un code de l'information, mais une véritable loi sur la liberté de la presse», a-t-il expliqué. Encore plus explicite, ce spécialiste du droit de l'information pense que le président de la république veut reprendre le projet de Aziz Rahabi, ancien ministre de l'information, qui a proposé cinq projets de loi. «Il a proposé un projet de loi sur la presse, une loi sur la publicité pour mettre fin au monopole de l'Etat sur la liberté de la presse, une loi sur les sondages, et une loi sur l'audiovisuel, car la loi organique dure cent ans, alors que celle sur l'audiovisuel doit être remaniée tous les cinq ans pour accompagner l'évolution technologique. Et le dernier projet de Rahabi : la loi sur la promotion du livre qui, jusqu'à présent, n'a pas été votée. Donc, nous avons perdu douze ans, pour enfin changer les choses», a-t-il détaillé. Sur un autre plan, le Dr Brahimi regrette que le président ait exclu une ouverture du champ audiovisuel. «Il a parlé de chaînes thématiques, ce qui existe déjà. Les enjeux de la télévision dépassent l'Algérie, il faut raisonner à l'échelle maghrébine. Il ne peut y avoir une réponse algérienne, marocaine ou tunisienne à l'impérialisme et l'hégémonie américaine. Elle peut être maghrébine ou peut être arabe. Toujours est-il qu'elle se situe au niveau de la production audiovisuelle», a-t-il dit. Et d'ajouter : «Le problème ne se situe pas au niveau de l'ouverture du champ audiovisuel, mais surtout au niveau de la production. Que va-t-on offrir aux Algériens et aux Maghrébins. Et il faut voir à l'échelle maghrébine et surtout méditerranéenne, car nous avons beaucoup d'algériens et de maghrébins qui sont installés à l'étranger et qui peuvent produire des programmes valables pour répondre et résister à l'hégémonie américaine.»