Résumé de la 62e partie n Hercule Poirot dit ne pas connaître l'identité de la victime, mais savoir son métier... Et, avec le plus grand sérieux, il me récita : «Petit, petit, petit... venez-vous faire tuer.» Sur le calendrier de son bureau, l'inspecteur Hardcastle lut : 20 septembre. Dix jours seulement sont écoulés depuis le meurtre. Il n'avait pas progressé autant qu'il l'espérait, parce que l'on se heurtait toujours à cette difficulté initiale : l'identification du cadavre. L'homme mort demeurait l'homme mystérieux. Et pourtant, quel flot d'appels téléphoniques et de lettres s'était déversé à la suite de la parution d'une photo dans la presse, sous-titrée : Connaissez-vous cet homme ? Hardcastle en soupirait encore. Innombrables étaient les épouses, les sœurs, ainsi que tous ceux qui avaient cru l'apercevoir dans le Lincolnshire, le Devon, à Londres dans le métro, sur l'autobus, où dans l'ombre d'une jetée, au coin d'une rue, inquiétante silhouette, ou à la sortie d'un cinéma cherchant à se dissimuler. Mais ce jour-là, l'inspecteur se sentait nettement plus optimiste en contemplant une fois de plus la lettre posée sur son bureau. Une lettre qui n'était ni délirante ni trop affirmative. Mais qui l'informait simplement que son auteur, une certaine Mrs Rival, pensait qu'il était possible que l'inconnu fût son mari dont elle était séparée depuis des années. La voyant entrer, l'inspecteur se leva pour lui serrer la main.. La cinquantaine, estima-t-il, mais de très loin, très, très loin, on lui en donnerait trente. Maquillée à la va-vite ; les cheveux foncés sous leur henné. De taille moyenne, sans chapeau, avec un manteau sombre. Elle devait avoir une bonne nature, jugea-t-il, se fiant à son expérience de la valeur morale des gens. Sans doute pas étouffée par les scrupules, mais facile à vivre. — Très heureux de vous voir, Mrs Rival, dit-il. Vous allez pouvoir nous aider, je l'espère. Elle s'excusa presque. — Je ne peux rien certifier; mais en voyant les photos sur les journaux j'ai trouvé qu'elles ressemblaient à Harry, et même d'une façon frappante. J'aimerais tant pouvoir m'en assurer. Mais il y a si longtemps que je ne l'ai vu. Je crois vous avoir dit neuf ans dans ma lettre, mais c'est bien plus que cela : quinze ans au moins. — La profession de votre mari, Mrs Rival ? — Courtier d'assurances. (Elle s'interrompit). Du moins, à ce qu'il racontait. Regard aigu de l'inspecteur. — Et vous avez découvert que c'était faux ? — Non, pas exactement... Pas à cette époque-là. C'est maintenant que je me pose des questions. Comprenez-moi : c'est un excellent prétexte pour quitter souvent son foyer. — Ainsi, votre mari n'était pas souvent là, Mrs Rival ? — Non, mais au début je ne m'en faisais pas .... — Et plus tard ? Elle ne répondit pas, puis : — Mieux vaut en finir tout de suite. Après tout, si ce n'était pas Harry ....(A suivre...)