Résumé de la 24e partie n Par la faute de son commandant, «La Méduse», qui cinglait vers l'Afrique occidentale, sombre sur le terrible banc d'Arguin. Un radeau est construit à la hâte… L'évacuation commence le 5 juillet 1816 au matin. Le commandant Duroy de Chaumarays et ses officiers en ont établi le plan la veille. Pour une fois, le vieux navigateur s'est montré méticuleux, assignant à chaque passager et à chaque membre d'équipage, la place qu'il doit occuper, soit sur un canot soit sur le radeau. «Mesdames et messieurs, dit-il, au moment de mettre les embarcations à l'eau, nous devons procéder dans le calme, tout le monde, si Dieu veut partira !» Mais dès que l'on met les canots à l'eau, c'est la panique. On a peur qu'il n'y ait pas assez de place et que l'on soit contraint de rester sur la frégate. Chacun veut aussi s'assurer une place sur un canot et non sur le radeau dont on doute déjà de la solidité. «Du calme ! du calme !» Mais personne n'entend l'appel lancé par les officiers. Des hommes - civils, militaires et matelots - sautent dans les canots, repoussant violemment les femmes et les enfants. Les officiers qui, dans un premier moment tentent de prendre la situation en mains, sont débordés. On cherche le commandant mais celui-ci a déjà pris place dans un canot ! Ainsi, après avoir montré son incompétence, il déroge au code de l'honneur qui prescrit au commandant d'un navire en perdition de rester à bord, jusqu'à l'évacuation totale des passagers, voire de sombrer avec lui. Le commandant Duroy est installé dans un canot, pressant les hommes qui se trouvent avec lui de ramer fortement pour que d'autres passagers ne viennent pas alourdir l'embarcation ! Suprême lâcheté ! Heureusement que des officiers, plus dignes que lui, ont réussi à faire embarquer les femmes et les enfants. Seule une femme, une cantinière qui ne veut pas quitter son mari, embarque sur le radeau. Les canots étant pleins, les autres passagers n'ont plus que la possibilité de prendre place sur le radeau. On croyait celui-ci en mesure de prendre tout le monde mais à peine cinquante personnes y ont-elles pris place qu'il s'enfonce de près de soixante-dix centimètres. «Jetez les barils !» crie alors un officier qui dirige l'opération. Les barils contiennent de la farine, embarquée pour assurer la subsistance des naufragés au cas où les secours tarderaient. Mais sur le moment, on ne pense pas à l'approvisionnement, l'essentiel est d'embarquer le plus de monde possible ! Le radeau, débarrassé des barils, reçoit une centaine de naufragés et il commence de nouveau à s'enfoncer. Il ne peut pas en prendre davantage et il reste dix-sept hommes sur «La Méduse». Ceux-ci, en voyant les embarcations et le radeau s'enfoncer, prennent peur et décident de rester à bord de la frégate. «Nous vous enverrons des secours !» leur crie-t-on du radeau. Mais tout le monde sait que c'est une promesse difficile à tenir. On ne sait pas si l'embarcation de fortune, chargée au maximum, pourrait tenir. Le radeau, remorqué par les canots s'ébranle, avec ses passagers qui, en ce moment doivent prier le ciel de les mettre sur la route d'un navire… On n'aperçoit plus «La Méduse». L'aventure commence… (A suivre...)