Résumé de la 23e partie n En voulant semer les navires qui l'accompagnent au Sénégal pour reprendre possession de la colonie, le commandant de «La Méduse» a viré de bord, naviguant près des côtes. On se croit donc tiré d'affaire et chacun vaque à ses occupations. Bien sûr, on ne dit rien, ni au militaires ni à leur famille qui, ne se doutant de rien, s'apprêtent à rejoindre le Sénégal. Brusquement, vers 15 heures, la frégate est secouée si violemment que plusieurs passagers perdent l'équilibre et tombent. On se met à crier, à appeler au secours. La frégate retrouve son équilibre mais elle est immobilisée, clouée sur les rochers. Le danger a été tel que le navire risque de s'entrouvrir et de laisser passer l'eau. A ce moment-là, le commandant Duroy de Chaumarays aurait dû intervenir pour faire revenir le calme et apaiser les passagers et l'équipage, affolés par le désastre, mais c'est un homme faible, qui vient de prouver son incompétence. Cependant, on remarque que le voilier, poussé par les vagues et le vent, s'est remise à bouger. L'espoir de le dégager renaît. «Qu'on apporte les voiles !» ordonne le commandant. On met les voiles, on porte les ancres en mer, on met en œuvre les appareils de levage, pour se dégager des rochers, mais ces opérations, qui coûtent des efforts gigantesques, sont vouées à l'échec. Après plusieurs essais, on doit y renoncer. De toute façon, la nuit ne va pas tarder à tomber. On se remet à la providence, en se promettant de déployer, le lendemain, de nouveaux efforts. Dans la nuit, la tempête se lève. Les rafales de vents et les vagues secouent la malheureuse frégate qui prend de l'eau de partout. les cales sont remplies et l'eau menace de gagner le pont où les passagers et l'équipage se sont réfugiés. On pleure, on crie, on supplie le commandant de faire quelque chose, mais l'homme est aussi effrayé et il ne sait plus à quel saint se vouer ! Au matin, quand la lumière du jour paraît, on se rend compte que le bateau est perdu et qu'il ne tardera pas à sombrer. Il faut donc le quitter ! Des canots de sauvetage sont prévus, mais il n'y en a que six… Six pour quatre cents passagers, marins, civils, avec un grand nombre de femmes et d'enfants, et militaires. Le commandant et les officiers se consultent. Il est évident que les embarcations ne suffiront pas à évacuer tout le monde. Aussi décide-t-on de construire un grand radeau. Toute la journée du 4 juillet 1816 va être consacrée à cette tâche. On arrache des planches à la frégate, on utilise les mâts, les vergues et les bordages. Tout le monde participe à la construction du radeau, dans une anarchie indescriptible. Résultat, le radeau est mal fait. Il paraissait au début très grand, avec ses vingt mètres de long et ses sept mètres de large, mais une fois mis à l'eau, il s'avérera trop petit pour transporter tout le monde. De plus, les planches sont mal assemblées et c'est seulement quand il est dans l'eau qu'on va se rendre compte qu'on a oublié de le pourvoir d'un mât et d'une voilure ! Un véritable travail d'amateur qui aura révélé, une fois de plus, l'incompétence et l'irresponsabilité d'un commandant. (A suivre...)