Rencontre n Cet homme qu'Ottilie Meissonnier a rencontré par hasard, ne lui a pas dit son nom, mais il lui a fait sous-entendre qu'il appartient à la noblesse. Au début du mois de décembre 1896, Ottilie Meissonnier se rend à l'exposition de fleurs de Londres quand, un homme l'accoste au niveau de la Victoria Street. — Milady ! Milady ! Elle se retourne. L'homme, la cinquantaine passée, les tempes grisonnantes lui est inconnu. Peut-être que ce n'est pas elle qu'il appelle. Mais l'homme s'adresse bien à elle. — Milady… D'ailleurs, il a pressé le pas et s'approche d'elle. — Milady ! Mais il se rend compte qu'il s'est trompé et s'en excuse. — Pardon, je vous ai prise pour Lady Everson… Lady Everson, une célébrité de Londres et surtout une jolie femme, voilà de quoi flatter n'importe quelle dame. — Je vous en prie, monsieur, dit-elle, en rosissant de plaisir ! L'homme la regarde. — Vous lui ressemblez tellement, dit l'homme… De loin, on vous confond facilement avec elle. Cela dit, vous êtes aussi charmante que Lady Everson. Il fait une petite révérence qui achève de ravir Ottilie. — Je ne suis qu'institutrice, dit-elle. L'homme sourit. — voilà un noble métier, vous instruisez des jeunes générations, vous formez l'esprit des hommes et des femmes de demain ! Peut-être qu'à l'heure actuelle vous vous rendez à votre travail alors que je suis là en train de vous distraire ! La jeune femme s'écrie. — Oh, non, je me rends à l'exposition de fleurs ! — L'exposition de fleurs ? voilà une bonne idée… Moi-même, j'aime les fleurs et j'en fais cultiver des espèces rares, dans ma propriété du Lincolnshire… il y a pas moins de six ouvriers pour s'en occuper ! J'ai une connaissance approfondie pour tout ce qui touche aux plantes. — Oh, comme je vous envie, dit la jeune femme. J'ai moi-même de merveilleux chrysanthèmes dans mon appartement… Je leur apporte des soins particuliers et je voudrais les conserver dans l'état où ils sont ! — Je pourrais vous donner des conseils, à condition que vous acceptiez de me les montrer, bien sûr ! — J'accepte avec plaisir, dit-elle. Nous pourrons convenir d'un rendez-vous pour demain. — C'est d'accord, dit l'homme. Il prend le rendez-vous qu'elle lui propose et, avant de partir, l'homme fait une autre révérence. Quel homme affable et bien éduqué, pense Ottilie Meissonnier. Il faut dire qu'elle vit seule et qu'elle n'a pas tellement l'occasion de faire des rencontres. Cet homme, qui ne lui a pas dit son nom, lui a fait sous-entendre qu'il appartient à la noblesse. Un lord certainement : pouvait-elle rêver d'une plus belle rencontre ? (A suivre...)