Brutalités n Une manifestation antigouvernementale a été violemment dispersée par la police. Quinze journalistes travaillant pour des médias internationaux et tunisiens ont été frappés par les forces de l'ordre lors de la couverture de manifestations jeudi et hier, vendredi, à Tunis, a déclaré le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). «Des dizaines de policiers en uniforme et en civil ont frappé d'une manière cruelle des journalistes, tout en sachant qu'ils étaient journalistes et ils ont cassé des appareils photo et poursuivi des journalistes jusqu'à l'entrée du journal La Presse», écrit le SNJT. «J'ai été agressé par 4 policiers dans l'escalier du journal La Presse. Ils m'ont pris 2 appareils photo et un ordinateur portable et m'ont frappé sur la tête avec des barres de fer», raconte un journaliste. Un autre photographe travaillant pour l'agence EPA, Mohamed El-Hammi, a été également frappé. «Ils m'ont violemment tabassé et m'ont confisqué mon appareil photo, et ce sont des policiers en civil qui m'ont confisqué mon matériel. Je ne peux plus bouger mon dos tellement j'ai mal», dit-il. Hier, vendredi, avenue Bourguiba en plein cœur de Tunis, 200 jeunes manifestants scandaient des slogans antigouvernementaux. Soudain, la police lance la charge et les traque sans faire de distinction entre manifestants et journalistes dans une brutale démonstration de force. Vers 13h 50 : des manifestants crient depuis une vingtaine de minutes des slogans comme «Dégage», «le gouvernement de transition travaille toujours pour Ben Ali» et «nous voulons une autre révolution». Ils font face à un cordon de policiers déterminés à les empêcher de progresser en direction du ministère de l'Intérieur sur l'avenue Habib-Bourguiba. Les mains des manifestants s'agitent pour leur signifier de «dégager» eux aussi. A 13h 52, les forces de l'ordre chargent soudainement les manifestants. Tirs massifs de gaz lacrymogènes. La panique se propage parmi les manifestants et les piétons qui se lancent dans une course effrénée pour se mettre à l'abri dans les halls d'hôtels et de bâtiments. Les magasins baissent leur rideau de fer. Cagoulés, en uniforme ou en civil, les policiers sillonnent l'avenue Bourguiba à bord sur des motos, d'autres avec des chiens noirs, à pied. Un blindé léger circule également sur l'avenue. Sous le regard d'hommes en costume cravate salués respectueusement par les forces de l'ordre, un manifestant est durement frappé par plusieurs policiers, alors qu'il est tombé sur les rails des tramways. Vers 14h 00, les forces de l'ordre procèdent à des interpellations violentes, frappant à coups de pied et de matraque des manifestants, dont certains sont à terre. La manifestation avait été appelée sur Facebook pour soutenir un ancien ministre de l'intérieur, Farhat Rajhi, qui a provoqué un électrochoc dans le pays en évoquant la préparation d'un «coup d'Etat militaire» en cas de victoire des islamistes aux élections prévues le 24 juillet d'une assemblée constituante..