Mesure n Le gouvernement a décrété hier, samedi, un couvre-feu nocturne à Tunis et dans sa banlieue, après des «violences et pillages», signe d'un malaise persistant en Tunisie. «Les ministère de l'Intérieur et de la Défense ont annoncé qu'un couvre-feu a été décidé, avec interdiction de circuler dans Tunis et sa grande banlieue à partir d'aujourd'hui de 21h00 jusqu'à 05h00, en raison des violences et pillages commis dans la banlieue de Tunis, vendredi et samedi, et surtout dans la nuit de vendredi à samedi», indique le communiqué du gouvernement. Selon des témoins, des jeunes ont saccagé et pillé un grand magasin d'électroménager, une pharmacie et ont incendié plusieurs véhicules dans la banlieue défavorisée d'Ethadamen, où des manifestations s'étaient déroulées en janvier, dernier, avant la chute du Président Zine El-Abidine Ben Ali. Des informations non confirmées font aussi état de violences dans la ville de Gabès, dans le Sud, et à Sidi Bouzid, dans le centre, d'où était parti le mouvement de contestation en décembre dernier. Avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis et épicentre de la contestation, aucun véhicule, à part quelques voitures de police, ne circulait hier soir, alors que des barbelés bloquaient les accès au ministère de l'Intérieur. Des manifestations antigouvernementales ont lieu, chaque jour, depuis jeudi dernier à Tunis. Hier, samedi, un rassemblement a réuni plusieurs centaines de personnes, avant d'être dispersé par les forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Massés devant le ministère de l'Intérieur, les manifestants scandaient des slogans comme «Gaz lacrymogènes et cartouches, les Tunisiens n'en ont pas peur», «Peuple tunisien révolte-toi», «ministère de l'Intérieur, ministère terroriste». La veille et l'avant-veille, la police avait violemment dispersé des manifestants qui réclamaient la «démission» du gouvernement transitoire et «une nouvelle révolution». Parallèlement, un tribunal de Tunis a condamné Imed Trabelsi à deux ans de prison et à 2 000 dinars (1 000 euros) d'amende, pour consommation de stupéfiants. Arrêté le 14 janvier dernier, jour de la fuite de l'ancien dirigeant en Arabie saoudite, Imed Trabelsi est, sans doute, après l'ex-Président Ben Ali et son épouse Leïla, l'un des hommes les plus détestés de Tunisie. «Cette condamnation ne va pas calmer le peuple qui réclame justice, surtout dans cette période difficile», a commenté un militant des droits de l'homme, Mokhtar Yahyaoui, soulignant l'importance d'«informer les Tunisiens sur les autres implications d'Imed Trabelsi et de leur faire comprendre qu'il ne s'agit que d'une première condamnation». Sa première apparition, le 20 avril dernier, devant la justice tunisienne, cheveux gominés et costume-cravate, entouré de policiers avait déclenché une vague de haine dans le public.