La capitale s'est réveillée sous tension et dans l'incertitude, après une nuit de pillages et le départ soudain en Arabie Saoudite du président sous la pression de la rue, après un mois d'émeutes. La révolution populaire en Tunisie, qui a provoqué le départ précipité de Ben Ali, a ouvert la voie à une situation chaotique et à l'incertitude. L'abandon du pouvoir par le président tunisien, a été suivi par la montée en puissance d'une certaine violence faite de saccages et de pillages. Parallèlement au couvre-feu (de 18h00 à 06h00), la nuit de vendredi à samedi dans la banlieue de la capitale tunisienne. Tunis a connu de nombreux saccages de commerces, de voitures et de maisons, signalés un peu partout dans la proche banlieue de la capitale, à Bizerte... Hier, les Tunisiens étaient partagés entre le sentiment de satisfaction voire de fierté, et l'angoisse et la peur liées à l'incertitude quant aux développements de la situation en cours. La capitale s'est réveillée plongée dans une atmosphère de tension et d'incertitude, après une nuit de pillages et le départ soudain, en Arabie Saoudite, du président Zine El Abidine Ben Ali, sous la pression de la rue après un mois d'émeutes. Alors que les affrontements continuaient dans la matinée d'hier, le saccage de villas appartenant à la famille Trabelsi, au coeur de la riche banlieue de la Marsa, allait bon train. Ailleurs, dans le quartier huppé de Tunis, à El Menzah, de nouveaux pillages avaient lieu. L'avenue Bourguiba ressemble à un no-man's-land. Plusieurs quartiers de la banlieue ont vécu une nuit d'angoisse en raison de destructions et de la mise à sac par des groupes de personnes encagoulées, selon les témoignages d'habitants apeurés, relayés par les télévisions locales. A la sortie nord de Tunis, l'hypermarché Géant a fait l'objet de pillage hier, après avoir été attaqué la veille, a-t-on constaté. Des dizaines de personnes sortaient du centre commercial bardées d'objets volés en l'absence des services de sécurité. Un poste proche de la Garde nationale avait été déserté. L'hypermarché avait été partiellement incendié la veille. Les pilleurs continuaient de briser hier les vitrines de magasins épargnés par les flammes. Plusieurs enseignes françaises comme Carrefour et Casino auxquelles sont associés des proches du pouvoir en Tunisie, ont été pillées ces derniers jours. Des appels ont été lancés à l'armée, qui protège dans le cadre de l'état d'urgence des bâtiments publics, l'incitant à intervenir contre ces bandes qui ont mis à sac les grands magasins de la capitale et d'autres villes de Tunisie. Les spéculations allaient bon train sur l'identité des responsables de ces pillages. Si certains habitants parlent de miliciens liés aux proches du président en fuite, les uns ont évoqué des prisonniers de droit commun évadés de centres de détention, tandis que d'autres accusent des éléments de la police. Avant-hier, à Gammarth, banlieue résidentielle chic du nord, c'est avec rage, sans qu'intervienne le moindre policier et sous les regards souvent approbateurs d'adultes, que des centaines de jeunes ont pillé et incendié les somptueuses demeures que possède, dans ce coquet quartier, la famille Trabelsi, précise-t-on. Par ailleurs, 42 détenus ont péri dans l'incendie d'une prison de Monastir, dans le centre-est de la Tunisie, a indiqué un médecin de l'hôpital local. Il s'agit de l'incident le plus meurtrier depuis le début, il y a un mois, des émeutes qui ont conduit à la fuite de Ben Ali. Les répercussions négatives sur la situation ont fait que quelque 5000 touristes allemands devaient être rapatriés dés hier de Tunisie en raison des violences et de l'incertitude régnant actuellement dans le pays, ont indiqué des voyagistes allemands. Des militaires et des forces de sécurité ont procédé hier, à l'arrestation des dizaines de pilleurs présumés et les ont embarqués dans des camions. Des voitures volées étaient abandonnées dans les rues et des boutiques et résidences de luxe ont été incendiées, les propriétés de la famille de Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi étant particulièrement ciblées. Des portraits de l'ex-président ont été brûlés et des jeunes gens commentaient dans des cafés bondés les derniers événements.