Résumé de la 78e partie n Poirot propose son aide à l'inspecteur Hardcastle... A suivre Hardcastle n'en croyait pas ses oreilles. — Ce qui m'a frappé dans l'histoire que m'a contée Colin, commença Poirot, c'est son caractère rocambolesque. Quatre montres – toutes quatre en avance d'une heure – sont placées dans une maison, à l'insu de sa propriétaire, du moins à ce qu'elle prétend. «Par terre, un cadavre, vieux monsieur d'allure respectable ; que personne ne connaît, à ce qu'on nous dit une fois de plus. Dans sa poche, une carte de visite - au nom de Mr R. H. Curry, de la compagnie d'assurances Metropolis, compagnie qui n'existe pas, pas plus d'ailleurs que Mr Curry. A 1h 50, paraît-il, on téléphone à l'agence : une miss Pebmarsh demande qu'on lui envoie une secrétaire à 15 heures, au 19, Wilbraham Crescent. Miss Sheila Webb de préférence. «Celle-ci se présente avec quelques minutes d'avance, entre comme convenu dans le salon, y découvre un cadavre et se rue dehors en hurlant, pour tomber dans les bras d'un jeune homme. Pause de Poirot qui me regarde. — Entrée en scène du jeune premier, dis-je saluant très bas. — Et voilà, fit Poirot. Vous voyez, personne, même vous, ne peut s'empêcher de prendre un ton théâtral et bouffon pour parler de cette histoire ! C'est un tel mélo, si fantastique ! Tout à fait ce qu'imaginerait un Garry Gregson, par exemple. Pour tout vous avouer, je m'étais plongé dans l'étude du roman policier des soixante dernières années. On en arrive à considérer les crimes véritables avec l'œil d'un romancier. «Voici donc un assassinat qui se présente sous un jour tellement déconcertant qu'on se dit tout de suite : c'est impossible, c'est du roman. Mais, hélas ! cette fois-ci, c'est bien vrai ; c'est arrivé. Ce qui vous donne matière à réflexion. Hardcastle l'approuvait pleinement, comme on le voyait à sa tête. Poirot poursuivait : — Donc, laissons de côté la mise en scène du crime... Tenons-nous-en à l'essentiel. Un homme a été tué. Et cet homme, d'après tout le monde, est un homme âgé, très comme il faut, sans rien de remarquable. Et tout d'un coup, je me suis dit : supposons que cet homme corresponde exactement à ce qu'il paraît : un vieux monsieur respectable, d'apparence aisée. Voyez-vous ce que je veux dire ? fit-il, tourné vers Hardcastle. — Euh... fit poliment l'inspecteur. — Ainsi, dit Poirot, nous voici devant un vieux monsieur charmant, comme tous les vieux messieurs, mais que quelqu'un veut faire disparaître. Qui donc ? C'est pourquoi j'ai conseillé mon vieil ami Colin : les voisins... il faut leur parler, se renseigner sur eux. Mais surtout bavarder avec eux. Parce qu'au cours d'une conversation ce ne sont pas seulement des réponses qu'on obtient, mais des propos qui leur échappent. — Admirable théorie, dis-je. Qui ne s'est malheureusement pas vérifiée dans notre cas. — Mais si, mon cher. Par une toute petite phrase d'une inestimable valeur. — Laquelle, dis-je. De qui et où ça ? (A suivre...)