Certitude n Le Premier ministre du Pakistan devait s'expliquer, ce lundi, devant le Parlement sur le raid américain qui a tué Oussama ben Laden. Yousuf Raza Gilani doit s'adresser en début de soirée à l'Assemblée nationale pour «se confier à la Nation» sur l'opération nocturne du commando héliporté américain qui a tué, il y a une semaine, le chef d'Al-Qaîda dans la ville-garnison d'Abbottabad, à deux heures de route au nord d'Islamabad, a déclaré un membre de l'entourage du Premier ministre, sous le couvert d'anonymat. Washington, dont Islamabad est pourtant l'allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme» depuis fin 2001, assure que les autorités pakistanaises n'ont pas été averties du raid, redoutant de possibles «fuites». Et les plus hauts responsables américains soupçonnent ouvertement des «complicités» au sein de la toute puissante armée et son service de renseignement, pour expliquer la présence de Ben Laden dans une ville truffée de militaires. Parallèlement, l'opinion publique pakistanaise, très majoritairement antiaméricaine, s'est émue d'une nouvelle «violation» de la souveraineté nationale en plus des innombrables attaques de drones de la CIA dans le nord-ouest, bastion des talibans et d'Al-Qaîda, et de l'«incompétence» de son appareil militaire qui assure n'avoir pas détecté l'opération américaine en plein cœur du territoire. L'opposition au Parlement a, d'ailleurs, réclamé la semaine dernière, la démission du président Asif Ali Zardari et de son Premier ministre. A l'Assemblée nationale, Gilani va aborder dans le détail, les divers aspects de l'opération, alors que le président Barack Obama a demandé à Islamabad de diligenter une enquête sur le «réseau de soutiens» dont aurait bénéficié Ben Laden au Pakistan.«Nous pensons qu'il a bénéficié d'un réseau de soutiens quel qu'il soit à l'intérieur du Pakistan», a déclaré Obama dans cet entretien, à la chaîne de télévision CBS, dont des extraits ont été publiés, hier, dimanche. «Nous devons enquêter là-dessus et, surtout, le Pakistan doit enquêter», a ajouté Obama. «Nous leur en avons déjà parlé et ils ont assuré qu'ils souhaitaient trouver de quels types de soutiens Ben Laden aurait pu bénéficier», a-t-il poursuivi, parlant des autorités pakistanaises. L'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, Hussain Haqqani, a promis que des têtes allaient tomber parmi les hauts responsables pakistanais. «Des têtes vont tomber, dès que l'enquête sera achevée», a-t-il déclaré sur la chaîne CNN. Le conseiller d'Obama pour la sécurité nationale, Tom Donilon, a cependant cherché à calmer le jeu entre Washington et Islamabad en affirmant que rien ne permettait d'accuser les dirigeants pakistanais d'avoir protégé Ben Laden. «Nous n'avons aucune preuve que le gouvernement d'Islamabad était au courant» du lieu où se cachait Ben Laden, tué le 2 mai par un commando américain dans sa villa d'Abbottabad, une ville de garnison proche d'Islamabad. Donilon a demandé, en outre, à Islamabad de transmettre aux Etats-Unis les renseignements trouvés par les autorités pakistanaises dans la résidence et de leur donner accès aux trois femmes du chef d'Al-Qaîda, désormais en détention, afin de les interroger.