Réponse Aujourd?hui, les ârchs entrent en conclave pour trancher leur position définitive. Les coordinations des différentes wilayas de la Kabylie se réunissent aujourd'hui en vue d'une concertation avec la base sur les suites à donner à l'appel au dialogue du président de la République depuis Sétif. La position définitive du mouvement citoyen sera tranchée par l'interwilayas, une fois que les conclaves extraordinaires auront fourni une réponse. Le rendez-vous décisif est attendu impatiemment par les observateurs de la scène politique. Tout le monde est suspendu à ce qui va se décider dans ces conclaves dont l?issue déterminera, à coup sûr, selon que la réponse soit favorable ou non, la tournure que prendra désormais la crise de Kabylie en situation de blocage depuis vingt-sept mois. Il est difficile d?anticiper la réponse tant les divergences minent les ârchs quant à la teneur du communiqué officiel. Certains y voient une mesquine man?uvre politicienne, d'autres estiment que cette invitation des ârchs à la table des négociations dénote une volonté de lâcher du lest, même si cette initiative n'est pas dénuée d'arrière-pensées. On constate aisément une certaine prudence chez les concernés à travers leurs déclarations dans la presse, au lendemain de la sortie médiatique du président. Pris de court par cette intervention inopinée, les membres du mouvement citoyen restent pour la plupart circonspects. L'offre est différemment appréciée. Les principaux meneurs de la protesta kabyle sont très réservés. A leur tête Belaïd Abrika, délégué de la Cadc de Tizi Ouzou. Il pense que, «à première vue, c'est un appel de plus qu'il faudrait prendre en compte dans sa forme. C'est une avancée positive. Le mouvement devrait réfléchir mûrement avant de s'engager dans une perspective qui mettra en péril toute une dynamique de lutte citoyenne et de sacrifices consentis. C'est pour cela que la lucidité devra prévaloir et ce, à travers une consultation indispensable et la plus large possible.» Ali Gherbi, porte-parole de la coordination des délégués des communes et des ârchs de Béjaïa, ne cache pas sa défiance vis-à-vis de l'offre de Bouteflika qu'il qualifie de «piège» et avertit «contre les man?uvres politiciennes». Il s'interroge sur l'envoi en douce d'émissaires d'El-Mouradia chez les délégués «taiwan». Il craint que cette énième invitation ne soit que de la poudre aux yeux. Les ârchs de Bouira, même s'ils se déclarent optimistes, conditionnent néanmoins le dialogue par la levée des poursuites judiciaires. La brèche ainsi ouverte par le premier magistrat du pays, qui était rétif auparavant à l'idée même de reconnaître la plate-forme d'El-Kseur, conforte la thèse qu'une nouvelle donne a été introduite pour permettre une sortie de crise honorable pour tout le monde.