Résumé de la 3e partie n Arrivé à la maison de campagne, Hastings est très agréablement surpris par la femme de John, Mary Cavendish... Elle m'accueillit avec quelques mots de bienvenue prononcés d'une voix basse mais très distincte, et je me laissai tomber dans un fauteuil, vivement satisfait d'avoir accepté l'invitation de John. Mrs Cavendish me versa une tasse de thé, et les quelques remarques posées qu'elle prononça me confirmèrent dans mon impression quelle était une femme tout à fait charmante. Il est toujours encourageant de trouver un auditoire attentif, et je me flatte d'avoir décrit certains incidents de mon séjour dans la maison de convalescence avec une verve pleine d'humour qui amusa beaucoup mon hôtesse. Car John, tout en étant un excellent garçon, ne pouvait guère prétendre à la réputation d'un brillant causeur. A ce moment, une voix que je me rappelais bien parvint jusqu'à nous par la porte-fenêtre ouverte la plus proche. — Alors, Alfred, vous écrirez à la princesse après le thé ? J'écrirai moi-même à lady Tadminster pour lui demander de présider le deuxième jour de la vente. Ou bien serait-il préférable d'attendre la réponse de la princesse ? En cas de refus, lady Tadminster pourrait présider le premier jour, et Mrs Crosbie le deuxième. Et puis, il faut écrire à la duchesse à propos de la fête de l'école. Nous perçûmes le murmure d'une voix d'homme et celle de Mrs Inglethorp qui lui répondit : — Oui, certainement. Ce sera très bien, après le thé. Vous pensez à tout, Alfred, mon chéri. La porte-fenêtre s'ouvrit un peu plus, et une vieille femme, très distinguée et encore fort belle, aux traits autoritaires, sortit et se dirigea vers la pelouse. Un homme la suivait avec une certaine déférence. Mrs Inglethorp m'accueillit avec effusion. — Oh ! Mr Hastings, comme je suis ravie de vous revoir après tant d'années. Alfred chéri, Mr Hastings. Mon mari. Je regardai «Alfred chéri» avec quelque curiosité. Il était certainement dans ce milieu un élément assez disparate. Je ne m'étonnai point que sa barbe déplût à John. C'était une des barbes les plus longues et les plus noires que j'eusse jamais vues. Il portait un pince-nez en or et ses traits avaient une curieuse impassibilité. Je me dis qu'il pourrait avoir l'air très naturel à la scène, mais qu'il était étrangement déplacé dans la vie quotidienne. Sa voix était assez profonde et onctueuse. Il plaça une main inerte dans la mienne et dit : — Ravi de vous connaître, monsieur Hastings. Puis se tournant vers sa femme : — Emily, ma chérie, je crains que ce coussin ne soit un peu humide. Elle jeta vers lui un regard amoureux, tandis qu'il substituait un autre coussin avec toutes les marques de la sollicitude la plus tendre. Etrange infatuation d'une femme sensée sur tant d'autres points ! Avec la présence de Mr Inglethorp, un sentiment de contrainte et d'hostilité voilée parut étreindre la compagnie. (A suivre...)