Discours n «Nous allons entreprendre ensemble une démarche basée sur la confiance et le respect mutuel afin de trouver des solutions à vos revendications socioprofessionnelles légitimes et de mettre sur la table tous les problèmes.» Cette déclaration avait été faite par Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors d'une réunion avec les syndicats. Au lendemain de sa nomination à la tête du département de la Santé, le ministre a reconnu que le secteur traversait une grave crise. Ainsi a-t-il fait savoir que sa mission consistait, entre autres, à écouter et à résoudre les problèmes des médecins. Il s'est dit «favorable et disponible au dialogue avec les syndicats représentatifs des personnels du secteur en vue de régler les problèmes à l'origine du mouvement de contestation qui paralysait la santé publique». Il a «promis» de renforcer la dignité des praticiens et de l'ensemble des personnels du secteur. «Je ne veux plus voir les blouses blanches manifester dans la rue. En tant que ministre de la Santé, je me dois d'être à vos côtés, de vous soutenir et de vous accompagner pour l'obtention de vos droits légitimes dans le cadre, bien compris, des lois fondamentales qui régissent notre pays», disait-il à l'adresse des syndicalistes. «Ensemble, nous allons trouver des solutions concrètes, réalistes et pertinentes à tous les problèmes», affirmait-il dans chacune de ses réunions avec les syndicats. Toutefois, à tout ce beau discours et à toutes les déclarations de «bonne intention» du ministre de la Santé, les médecins ont du mal à croire en l'absence d'un engagement écrit. «On le dit clairement au ministre de la Santé : ‘'Tenez vos promesses. Nous avons été trop sages et trop patients''», a estimé le Dr Merabet, président du Snpsp. «Je m'engage à ce que toutes vos revendications soient prises en charge», répétait, sans cesse, le ministre dans chacune de ses sorties médiatiques. A présent, non seulement aucune solution, du moins concrète, n'a été trouvée aux différents problèmes soulevés par les médecins, mais le ministre a également durci le ton et changé de discours. Alors qu'il a toujours prôné le dialogue et la concertation avec l'ensemble des syndicats, M. Ould Abbès est passé aux menaces. «Si les médecins poursuivent leur grève, ils seront poursuivis en justice. C'est fini maintenant. Il y aura retenue sur les salaires pour commencer et, par la suite, on passera à une autre étape. Ça suffit, la récréation est terminée», a averti le ministre dans une déclaration à la presse en marge d'une rencontre sur les violences faites aux femmes, organisée par le réseau Wassyla. Ces menaces n'ont pas semblé impressionner les médecins. Bien au contraire, affirment-ils, elles ne font que renforcer la mobilisation. «Les menaces de recourir à la justice ne nous font plus peur», souligne le délégué du collectif autonome des médecins résidents (Camra) de l'hôpital Mustapha.