Dans un passé pas très lointain, Tébessa était synonyme du puissant pouvoir décisionnel des chefs de tribu, notamment dans les enjeux électoraux. Leur consigne de vote faisait office de mot d?ordre. Ce n?est plus le cas aujourd?hui, le pouvoir de l?argent fait son ?uvre. A l?initiative de l?association sociale Djbel Eddir, s?est tenue, dans la matinée de jeudi dernier, une réunion de la tribu des Ouled Yahia à la salle Souk el-Fellah El-Ouanza à Tébessa-Ville. A l?ordre du jour, comme stipulé sur les convocations adressées aux invités : la rédaction d?une motion de soutien au candidat à la présidentielle, Abdelaziz Bouteflika. Cette consigne de vote sera-t-elle suivie par tous les membres de la tribu des Ouled Yahia ? Nombreux sont ceux qui répondent par la négative. Et pour cause : les tribus n?ont plus le poids qu?elles avaient par le passé, dit-on. Pas même les Ouled Yahia, considérés ici comme le plus cohérent des ârchs de la région. C?est que des membres de cette tribu se sont alignés, selon diverses sources, du côté de Ali Benflis et Abdallah Djaballah notamment. Les Nemamchas, pour leur part, partent en rangs dispersés à l?élection du 8 avril. A vrai dire, cette tribu, la plus importante en nombre, a perdu sa cohésion depuis bien longtemps, plus précisément depuis que le colonialisme français a décidé de la diviser en trois fractions : les Berrarchas, les Alaouna et les Ouled Rechach. La rivalité s?est, dès lors, installée entre les membres de ce ârch qui a perdu plus d?une bataille électorale ces dernières années. D?aucuns se souviennent ici du coup asséné lors des élections locales et législatives de 1990 et 1991 par le FIS dissous au tribalisme en général, et à l?hégémonie des Nemamchas sur la région en particulier. La discipline partisane allait être de nouveau rompue par les membres du ârch des Nemamchas lors des élections législatives de 1997. A l?époque, le RND avait présenté, en tête de liste, deux candidats issus de cette tribu. Mais sous la pression des Ouled Yahia, il avait été contraint à en sacrifier un, ce qui a généré une dispersion sans précédent des voix des Nemamchas. Ces derniers ont davantage été affaiblis lors des dernières élections avec la désignation de deux candidats issus de la tribu des Ouled Abid, essentiellement basée à Bir El-Ater, en tête de liste FLN. Malgré les contestations des autres tribus, Bouziane et Aïssat allaient être maintenus puis élus. Le même scénario s?est produit lors de l?élection du sénateur Mohammed Bediar, propulsé sur le devant de la scène à la suite de son enlèvement par un groupe armé. Issu de la tribu relativement minoritaire des Ouled Abid, ce richissime homme d?affaires et néanmoins avocat fut élu par une écrasante majorité des élus. Et dire que les grandes tribus de la région, les Nemamchas notamment, s?étaient opposés à sa candidature !