Changement Le «kebir el-arch» n?est plus en mesure de régler les problèmes de sa tribu comme il le faisait si bien par le passé. La plupart des habitants de Tébessa l?affirment : le tribalisme n?a plus l?impact qu?il avait sur la population locale, dont le comportement électoral «obéit désormais à des considérations matérielles». «Echkara» ou «drahem» (l?argent) revient sur toutes les lèvres quand il s?agit de répondre à la question de savoir quel élément est à même de peser de tout son poids sur le vote de la population de Tébessa le 8 avril prochain. Aujourd?hui, ce ne sont plus les «kbar el-ârch» et les «chouyoukh» qui décident ici. Leur pouvoir est, somme toute, symbolique. Le «kebir» n?est plus en mesure de régler les problèmes de sa tribu comme il le faisait si bien par le passé. A l?époque, grâce à ses relais à Alger, il pouvait répondre à toutes les sollicitations des membres de sa tribu. Il était capable de leur trouver logement et emploi, les dispenser du service national, leur réaliser un forage? Bref, le «kebir» était là pour satisfaire toutes les demandes. De ce fait, quand il donnait une consigne de vote à sa tribu, celle-ci la respectait à la lettre. Mais les choses ont changé depuis. En 2004, à Tébessa, les «kebirs» n?ont plus rien à offrir aux membres de leur tribu. Les personnalités influentes ne sont plus les «chouyoukh», mais plutôt les hommes d?affaires. Ceux-ci , de l?avis général, ont une certaine autorité sur une population touchée de plein fouet par la crise économique. Grâce à leur argent, ils peuvent tout s?offrir, les voix des électeurs y compris, affirme-t-on. Ce n?est d?ailleurs pas par hasard que le FLN et le RND, relativement bien implantés ici, ont jeté leur dévolu sur certains d?entre eux pour défendre leurs couleurs lors des dernières législatives. Ainsi, et malgré l?opposition des Nemamchas à la candidature de Mohammed Nadjib Aïssat sur la liste FLN, ce dernier a été élu député, avant de rejoindre, en compagnie de son colistier Bouziane, le mouvement de redressement du FLN. Mohammed Djemaï, P-DG de LG Electronics, lui, n?a même pas eu besoin de la couverture du FLN ou du RND pour se faire élire. Ce député indépendant est pourtant issu d?une tribu minoritaire à Tébessa, en l?occurrence Ouled Abid, concentrée essentiellement à Bir El-Ater. Cela dit, Djemaï tout comme Aïssat et Bouziane se sont rangés du côté de Abdelaziz Bouteflika, ce qui fait dire à beaucoup que Bir El-Ater (d?où sont originaires les trois députés) votera le 8 avril pour le président sortant, surtout que le MSP, bien implanté dans la localité, lui a apporté son soutien. Les partisans de Benflis reconnaissent d?ailleurs qu?ils éprouvent quelques difficultés à pénétrer Bir El-Ater. A Tébessa-Ville, en revanche, ils semblent bien tenir tête aux partisans de Bouteflika, dont fait partie le richissime homme d?affaires et néanmoins président de la Chambre de commerce Nemamchas, Saâd Guerboussi. Ce dernier, qui avait défrayé la chronique il y a quelques mois avec l?affaire de la séquestration de notre confrère d?El Watan, Abdelhaï Beliardouh, pour un écrit qu?il avait jugé diffamatoire à son égard, serait l?un des principaux bailleurs de fonds de la campagne électorale de Bouteflika à Tébessa, aux côtés de Mohammed Djemaï.