Entretien Enseignant à l?Institut des sciences juridiques de Tébessa et titulaire d?un magistère en sociologie, il analyse, dans cette interview, le phénomène du tribalisme dans cette région. InfoSoir : Etes-vous d?avis que l?influence du tribalisme sur la population locale n?est plus ce qu?elle était ? K. Hamed : Même s?il demeure encore relativement présent dans les zones rurales, je crois que le tribalisme a perdu effectivement le pouvoir et l?influence qu?il avait par le passé sur la population. Comment expliquez- vous cela ? Les changements intervenus dans la société en sont, à mon sens, à l?origine. Le mode de vie citadin, qui a pris la place du mode de vie rural, a énormément affaibli le tribalisme. Pouvez-vous être plus explicite ? Dans la vie rurale, la tribu joue un rôle très important. Elle protège ses membres et résout leurs problèmes. Ainsi, tout le monde se reconnaît dans la tribu. Dans la vie citadine en revanche, les populations, d?origine diverse, ne peuvent compter sur la tribu pour leur régler leurs problèmes. De fait, leur attachement à la tribu diminue. Pourquoi, selon vous, la région de Tébessa a longtemps vécu sous l?emprise du tribalisme ? Ce qu?il faut savoir, c?est que les populations de la région ont toujours refusé de se soumettre à la loi des Etats qui se sont succédé en Algérie à travers l?Histoire. A ce propos, il faut noter que sous l?occupation turque, toutes les familles de la région refusaient de payer les impôts. Pour faire face à ces Etats, les populations s?étaient unies derrière les tribus qui étaient à même de les protéger. Ainsi s?est renforcé le sentiment tribal. Quelles sont les parties influentes aujourd?hui dans la région ? Les partis politiques du courant nationaliste ont un certain poids. Et pour cause : la région a beaucoup donné à la Révolution. Aussi, le sentiment religieux est fort présent ici. Ce qui a permis aux partis islamistes de s?y implanter. Toutefois, je crois que la population regarde de plus en plus ses intérêts quand il s?agit de choisir X ou Y. Les chouyoukh de la région ne sont plus écoutés, si l?on vous comprend bien? Ils sont respectés certes, mais je ne crois pas qu?ils aient l?influence qu?ils avaient sur la population. Les choses ont tellement changé. Aujourd?hui, le père de famille n?a plus le pouvoir qu?il avait sur ses enfants. Comment voulez-vous dès lors que le «kebir el-ârch» soit écouté ?