Les chefs d'entreprises subissent les effets de l'instabilité «chronique» induite par la floraison de différents textes de loi, périodiquement promulgués et s'annihilant les uns les autres. Aujourd'hui, ils aspirent à une pause législative d'au moins 5 ans pour pouvoir se projeter sur le long terme, avoir des perspectives plus larges pour mieux développer leurs entreprises et se positionner ainsi sur le marché extérieur. «Nous estimons que nous évoluons depuis quelques années par la production de textes qui remettent en cause la stabilité et la pérennité du cadre législatif dans lequel évoluent les entreprises», a indiqué le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani. Selon lui, les chefs d'entreprises, les investisseurs et les opérateurs économiques demandent à avoir une stabilité afin de pouvoir faire eux-mêmes leurs programmes de développement et d'investissement. Intervenant ce matin sur les ondes de la Chaîne III, le président du FCE a expliqué : «Nous ne pouvons pas chaque année changer les règles du jeu, sauf à vouloir une instabilité chronique qui serait préjudiciable pour tout le monde. Nos amis étrangers qui observent la réalité de notre pays font le même constat.». Selon lui, l'«arme redoutable» qu'est la loi de finances complémentaire remet en cause fondamentalement toutes les activités réglementées dans notre pays, non seulement les finances publiques, mais également le code des investissements, le code de commerce, le code des exportations et le code du travail. «Nous souhaitons une pause législative d'au moins 5 ans pour donner le temps aux entrepreneurs et investisseurs de se positionner sur les marchés extérieurs, de prendre les meilleures mesures sur plusieurs années et de tenter de hisser leurs entreprises au niveau des standards internationaux», a-t-il dit. Interrogé sur l'état de santé de notre économie, le président du FCE a indiqué qu'un diagnostic a été fait par les observateurs de la scène économique et par les autorités. «Nous sommes dans un paradoxe que nous signalons et qui n'est la faute à personne. L'Algérie a des programmes d'investissements extrêmement ambitieux. Nous avons une situation macroéconomique excellente avec des indicateurs qui prouvent la bonne santé au niveau global de notre pays, mais malheureusement au niveau intermédiaire et au niveau des entreprises, il reste encore des signes de faiblesse et de vulnérabilité», a-t-il estimé. Beaucoup d'entreprises ont fermé et beaucoup ont perdu leurs marchés, «d'une part à cause de l'informel, d'autre part à cause de l'ouverture économique débridée qui a fait que les entreprises étrangères ont réussi en l'espace de 5 à 6 ans à conquérir des parts de marché», a-t-il ajouté. «Nous sommes interpellés pour qu'il y ait – avec les moyens, notamment financiers, dont dispose notre pays – un moteur de relance, mais il faudrait également que beaucoup d'énergie et d'efforts soient consacrés à l'autre moteur qui est aussi important que le premier : celui de l'investissement productif et du dévalement des PME et PMI de notre pays», a conclu M. Hamiani. La participation à la tripartite est une décision souveraine Le FCE a été invité pour la première fois à prendre part et à contribuer à la tripartite qui aura lieu samedi prochain. A cette occasion, il a préparé une plateforme de revendications en quatre points, parmi lesquels, mettre fin à la discrimination entre entreprises publiques et privées et stabiliser le cadre législatif. «La participation à la tripartite est une décision souveraine de notre Assemblée générale (AG)», a précisé M. Hamiani. «Il est apparu que fondamentalement il y a quelques principes de base que nous souhaiterions exposer comme fondement à toute politique économique», a-t-il dit. PME / PMI : beaucoup reste à faire Beaucoup de progrès ont été réalisés en matière de PME et PMI. Elles sont le premier employeur dans notre pays et créatrices d'environ 75 % des richesses hors hydrocarbures. «Pour nous un bon développement de la PME / PMI, est une réponse aux défis rencontrés par notre pays. C'est la meilleure réponse à la lutte contre le chômage, à la diversification de notre économie, à la sortie de l'emprise pétrolière et la meilleure réponse pour favoriser l'exportation», a souligné M. Hamiani. Selon lui, l'économie nationale a besoin de ce moteur essentiel. Pour atteindre ces objectifs, le FCE propose de faciliter toutes les procédures bureaucratiques, en un mot, d'avoir un environnement économique et administratif qui mette l'accent sur une facilité, sur les appuis et sur les accompagnements de façon à ce que les entrepreneurs puissent évoluer dans un cadre rénové fait de compréhension de leur situation et de soutien de la part de l'administration.