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«Nous avons une vision à long terme de notre développement en Algérie»
Gérald Lacaze président du directoire de Société Générale Algérie
Publié dans Le Temps d'Algérie le 01 - 09 - 2009

Le président du directoire de Société Générale Algérie, Gérald Lacaze, a bien voulu répondre à nos questions. Cette banque privée installée en Algérie depuis 2000 continue de réaliser de bonnes performances malgré la crise financière mondiale qui a ébranlé plusieurs établissements financiers internationaux durant les deux dernières années.
En Algérie, la politique de SGA actuelle vise à se rapprocher davantage de sa clientèle par la multiplication de son réseau d'agences à travers le territoire national ainsi que par la programmation de rencontres avec les opérateurs économiques locaux dans de nombreuses régions du pays. En juin, de nombreux chefs d'entreprises ont été conviés à assister à une rencontre prônée par SGA à Tizi Ouzou.
Lors de ce rendez-vous, son PDG a expliqué aux opérateurs économiques de la région les avantages que procure sa banque aux entreprises (PME/PMI) et autres et a exprimé son souhait de travailler dans le sens à apporter toute l'aide nécessaire pour que les entreprises soient plus compétitives dans un monde des affaires de plus en plus soumis à des turbulences.
Dans cet entretien, notre interlocuteur a fait une lecture de la loi de finances complémentaire et d'autres questions ont été aussi soulevées.
Juste après la publication dans le Journal officiel de la LFC 2009, Société Générale Algérie a mis en place une cellule de crise pour se mettre en conformité avec les nouvelles lois promulguées par ordonnance. Quelles sont les tâches qui lui ont été attribuées ?
Je ne suis pas au courant de la mise en place d'une «cellule de crise» à SGA ! Il est vrai, j'étais en congé aux USA, fin juillet, mais je suis resté en concertation permanente avec mes adjoints, non pas pour répondre à une situation de crise mais tout simplement afin d'analyser dans un premier temps le texte de la LFC 2009 qui présentait quelques zones d'ombre, et dans un deuxième temps en tirer les conclusions qui s'imposaient à nous comme à nos clients.
Après presque un mois de la mise en application de ces nouvelles lois, quelle lecture faites-vous de la LFC 2009 ?
Je comprends que certaines mesures décidées par les autorités sont la conséquence d'une évolution jugée inquiétante des échanges entre l'Algérie et ses partenaires de par le monde, d'où la volonté de réduire la facture des importations de biens et de produits qui pourraient être, en partie au moins, fabriqués localement.
Le pays exporte essentiellement des hydrocarbures, sans trop investir à l'extérieur, alors que de nombreux partenaires étrangers, qui bien souvent sont les acheteurs des matières premières exportées par l'Algérie, se contentent d'accords commerciaux avec des importateurs en Algérie pour y exporter leurs produits, sans réel investissement dans le pays.
Afin de faire face à la deuxième partie de cette problématique, les autorités ont décidé dans le cadre de la LFC 2009 de prendre de nouvelles mesures visant à encourager, notamment pour les nationaux résidents, l'investissement productif en Algérie et à freiner directement ou indirectement certaines importations.
Existe-t-il des cas de non-remboursement des crédits accordés dans le cadre de la promotion des crédits à la consommation et qui sont en litige avec votre établissement bancaire ?
Ce qui est communément appelé «crédits à la consommation» s'adresse essentiellement à la clientèle de particuliers. Chaque banque ou établissement financier a sa propre politique en la matière.
Je ne peux donc parler que de SGA, et en ce qui nous concerne, ce produit que nous avons proposé à notre clientèle depuis des années, sans en faire toutefois notre activité principale, n'est pas caractérisé par un taux de défaut hors normes.
La très grande majorité des financements qui ont ainsi pu être accordés à nos clients éligibles à ces crédits ont été amortis conformément aux échéanciers prévus. Bien sûr, certains dossiers peuvent poser un problème de recouvrement
(pour des raisons conjoncturelles ou techniques) mais le pourcentage des contentieux n'est pas plus important en Algérie que dans les autres pays où notre banque opère en tant que banque universelle. Je dois même dire que le client algérien est, dans une immense majorité, respectueux des engagements souscrits.
La suppression des crédits à la consommation avait-elle une incidence majeure sur vos activités ?
A fin juin 2009, nos engagements en termes de crédits à la consommation représentaient 17% de nos engagements globaux. Ce total n'est pas négligeable mais il est loin de représenter l'activité principale de l'établissement. Par ailleurs, je rappellerai que ces crédits n'étaient pas uniquement destinés au financement de biens produits à l'étranger, en référence notamment aux crédits voitures,
mais dans de nombreux cas répondaient aux besoins ponctuels des ménages dans le cadre de la vie courante (financements d'équipements électroménagers dans le cadre de l'amélioration de l'habitat, fêtes de famille, certains frais médicaux ou voyages à l'étranger...).
Ainsi, une majorité des crédits consentis à nos clients particuliers l'étaient dans le cadre de produits SGA appelés «Crédit Liberté» et «Crédit Bien-être». Je pense qu'ils répondaient à de vrais besoins de notre clientèle.
Il est évident que la LFC 2009 nous interdisant aujourd'hui et abruptement de proposer ces financements à nos clients, nous nous devons de redéployer nos forces, tant en termes de réseau que de collaborateurs, sur d'autres produits ou services. Cela a pour conséquence quasi immédiate une revue de nos projets tant en termes de recrutements que d'investissements dans de futures agences de proximité.
Avez-vous opté pour d'autres alternatives pour remplacer les activités axées sur les crédits à la consommation ?
Je ne ferai que me répéter mais les crédits à la consommation étaient loin de constituer l'activité principale de SGA, même si ce type de service est fortement consommateur en termes de ressources (paradoxalement, la mise en place d'un financement
de plusieurs centaines de millions de dinars pour une PME est moins consommatrice de temps et de ressources humaines que celle de plusieurs centaines de dossiers aux particuliers pour des montants individuels de quelques dizaines de milliers de dinars).
Par ailleurs, SGA a, bien avant la promulgation de la LFC 2009, développé une offre de crédits immobiliers pour les particuliers. Pour être exact, nous avons commercialisé ces crédits dès 2006, et au début 2009 nous avons lancé une offre de prêts épargne logement adossés à une période d'épargne préalable à la mise en place du prêt (produits Rezky et Rezky +).
Parallèlement, nos autres activités, tant en termes de produits que de services, continuent et continueront de se développer pour nos trois types de clientèles : particuliers, professionnels et entreprises. Il suffit d'aller dans nos agences ou sur notre site institutionnel www.sga.dz pour en avoir un aperçu.
Avez-vous déjà une orientation claire vers le financement du secteur économique PME/PMI et les grandes entreprises ?
Je ne sais pas ce qu'il faut entendre par l'adverbe «déjà» mais SGA est au service de sa clientèle d'entreprises depuis sa création en 2000. Parmi les milliers de clients de cette catégorie, plus de 95% sont des PME/PMI réparties à travers le pays, le reste étant des grandes entreprises multinationales ou algériennes, à l'exception toutefois des grandes entreprises du
secteur étatique que nous espérons toutefois un jour pouvoir servir. Je préciserai que notre clientèle d'entreprises représente plus de 80% des engagements globaux de la banque, confirmant en cela que SGA est au service du développement de l'économie nationale.
En chiffres, quel est le nombre de clients relevant du secteur économique ?
Nous classons notre clientèle en trois marchés : la clientèle de particuliers regroupe plus de 220 000 clients, celle des professionnels (commerçants, artisans, professions libérales) s'élève à 10 000, tout comme celle des entreprises dont l'immense majorité peut être classée dans la catégorie PME/PMI.
Quelles sont les exigences demandées à une entreprise pour qu'elle puisse bénéficier d'un crédit ?
Essentiellement une équipe de direction compétente et structurée, des états financiers reflétant l'activité de l'entreprise, un marché réel et «officiel» dans lequel elle opère, des projections financières réalistes et un dialogue clair et cohérent avec notre client. Bref, nous recherchons un partenariat basé sur le long terme, ce qui élimine de facto les projets «aventuristes» !
Suite à ces nouvelles donnes du marché des affaires en Algérie, quelle sera votre stratégie dans les années à venir ?
SGA est une banque algérienne qui opère dans le cadre de la réglementation du pays depuis l'obtention de son agrément délivré par la Banque d'Algérie en 1999. Notre stratégie reste celle qui a motivé sa création : être une banque universelle au service du développement économique du pays et de la clientèle algérienne. Sa première agence a été inaugurée en 2000.
Son réseau est aujourd'hui constitué de 54 agences et une trentaine d'autres sont en cours d'achèvement ou en attente d'agrément pour l'ouverture à la clientèle. Nous prenons acte, comme nous l'avons toujours fait, des orientations souhaitées par les autorités et nous nous y adaptons, même si parfois l'annonce soudaine de certaines décisions nous laisse perplexes. Quoi qu'il en soit, l'innovation et la qualité de service restent notre «cheval de bataille».
Désormais, le payement de toutes les transactions internationales se feront par le crédit documentaire «credoc». Ne croyez-vous pas que cette loi est une bonne opportunité pour votre banque pour tirer profit des transactions et avoir des nouveaux clients potentiels, surtout quand on sait que l'Union européenne, plus exactement la France, où vous avez un bon ancrage, est un partenaire économique important pour l'Algérie ?
Là également nous prenons acte de cette disposition contenue dans la LFC 2009. Nous adaptons au mieux de nos possibilités notre organisation afin de répondre à la demande de notre clientèle.
Si notre qualité de service répond à ses besoins, nul ne doute que cela nous permettra d'acquérir de nouveaux clients et nous comptons bien plus sur cette notion que sur les dispositions de la LFC pour élargir notre fonds de commerce. Et pour reprendre votre question, effectivement, notre appartenance à un grand groupe bancaire international nous permet de nous appuyer sur notre réseau international pour mener à bien les opérations qui nous sont confiées par la clientèle.
Quels sont les avantages accordés à vos clients épargnants ?
Une rémunération tout à fait compétitive sur les dépôts pour des durées allant du court terme au long terme et pour ceux, clients particuliers, qui ont des projets immobiliers, des dispositifs d'épargne à des taux attractifs permettant la mise à disposition à l'issue de la période d'épargne de prêts immobiliers à des conditions avantageuses.
Dans le cadre des produits dédiés à la clientèle de particuliers, pourriez-vous nous expliquer le i-transfert, qui semble intéresser plusieurs clients émigrés surtout, mais le manque d'information est remarquable ?
Il s'agit pour un client du Groupe Société Générale de la possibilité de transférer des sommes de son compte SG partout dans le monde à son compte SGA et inversement (sous réserve du respect de la réglementation des changes). Ce service est très apprécié de nos clients «Algériens du monde» ou marché «ADM» qui peuvent ainsi créditer leurs comptes en Algérie pour leurs besoins personnels ou familiaux (vacances, retraite, acquisition immobilière...).
Nous espérons également obtenir l'agrément des autorités pour l'ouverture de bureaux de représentation SGA au sein de certaines agences SG du réseau France (comme celle du Cours Belzunce à Marseille dédiée à la clientèle d'origine algérienne) afin de pouvoir mieux servir notre clientèle qui a gardé des attaches très fortes avec l'Algérie.
Quels sont vos produits dédiés à la clientèle des entreprises ?
Nous répondons à l'ensemble des besoins des entreprises algériennes en termes de dépôts, de gestion des flux et des financements du cycle d'exploitation comme des investissements sous forme classique ou sous forme de leasing. Nous proposons également les services de notre société sœur ALD Automotive Algérie qui propose de la location longue durée et la gestion de parcs automobiles pour les entreprises.
Quel est le bilan réalisé par SGA dans l'exercice précèdent et/ou en cours ?
Par bilan, je suppose qu'il faut entendre les réalisations obtenues ou espérées. Donc je dirai pour 2008, 72 000 clients supplémentaires qui ont rejoint SGA, 300 nouveaux collaborateurs qui ont rejoint nos équipes, 15 nouvelles agences ouvertes à la clientèle et en termes de chiffres financiers un produit net bancaire de 8,4 milliards de dinars, un résultat net de
1,6 milliard de dinars après 575 millions d'impôts directs ; résultat intégralement gardé dans nos livres pour conforter notre développement. Pour 2009, la progression sera certainement moins satisfaisante compte tenu de l'environnement dans lequel nous sommes amenés à évoluer mais encore une fois SGA a une vision à long terme de son développement en Algérie.
Votre projet de créer une banque assurance en est à quel stade ?
Nos projets avancent dans le cadre de la réglementation nationale et espérons pouvoir les concrétiser dans les prochaines semaines.
Parlez-nous de la politique d'extension de la SGA, tracée jusqu'à l'horizon 2010 ?
Cette politique est en cours de redéfinition compte tenu de certaines dispositions de la LFC, avec en perspective une réduction de nos ambitions en matière de développement. Compte tenu toutefois des agences déjà programmées et en travaux, notre réseau devrait dépasser les 80 agences d'ici fin 2010.
Quelles sont à votre avis les entraves sur lesquelles buttent une banque privée pour qu'elle puisse exercer ses activités pleinement ?
L'Algérie ne se caractérise pas par une politique visant à étouffer l'initiative privée, quelle soit d'origine purement nationale ou d'origine étrangère. Toutefois, compte tenu du poids dans l'économie nationale du secteur public, je regrette qu'il ne soit pas plus aisé de travailler, dans le cadre d'une saine concurrence bien entendu, avec certains acteurs majeurs de ce secteur.
La bonne santé de Société Générale a été conjuguée sur le marché bancaire mondial : en Russie, en Chine et ailleurs où vous détenez une force d'existence plus que confortable dans 36 pays cela malgré la crise financière qui a mis à genoux plusieurs organismes activant dans le même créneau. Quelle est la clef de votre réussite ?
Le groupe Société Générale est présent dans plus de 80 pays de par le monde. SGA est une des 40 filiales opérant hors de France en tant que banque universelle, donc s'adressant à toute sorte de clientèles (je ne comprends pas dans ce groupe des filiales ou succursales opérant uniquement pour les grandes entreprises multinationales ou les marchés financiers comme aux USA, au Japon, au Royaume-Uni...).
Ces filiales de banque universelle sont essentiellement implantées dans trois grandes zones géographiques : l'Afrique subsaharienne, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient et l'Europe de l'Est et centrale. Plus récemment, SG a développé une filiale en Chine et pris une participation dans une banque vietnamienne.
Quant à la Russie, Société Générale y dispose en effet d'une forte présence, et la prise de contrôle majoritaire en 2008 de la RosBank, première banque privée du pays nous positionne très certainement comme le premier opérateur privé bancaire de ce grand pays. A cet égard, comme bien entendu avec tous les autres pays où nous sommes présents,
nous comptons beaucoup sur les synergies entre nos réseaux pour offrir à notre clientèle algérienne des opportunités de développement dans leurs affaires.
Entretien réalisé par Brahim Baahmed


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