Résumé de la 8e partie n Miss Howard, avant de partir, demande à M. Hastings de surveiller ce démon de Inglethorp... Miss Howard fut engloutie par un chœur de souhaits et d'adieux. Les Inglethorp ne parurent point. Tandis que l'auto s'éloignait, Mme Cavendish se détacha tout à coup du groupe et traversa la pelouse pour aller à la rencontre d'un grand homme barbu qui se dirigeait vers la maison. Elle rougit un peu tout en lui tendant la main. — Qui est-ce ? demandai-je brusquement car instinctivement je me méfiais de cet homme. — C'est le docteur Bauerstein ! répondit John sèchement. — Et qui est le docteur Bauerstein ? — Il séjourne dans le village où il fait une cure de repos à la suite d'une crise de neurasthénie aiguë. C'est un grand spécialiste de Londres, un des plus grands experts en toxicologie de notre temps. — Et c'est un grand ami de Mary, ajouta avec force Cynthia. John Cavendish fronça les sourcils et changea de sujet. — Venez faire un tour, Hastings. C'est une bien ennuyeuse histoire que celle-ci. Evelyn Howard a toujours été très vive, mais il n'y a pas d'amie plus sûre qu'elle. Nous descendîmes jusqu'au village en passant par les bois qui bordaient un côté de la propriété. Comme nous franchissions une des grilles, à notre retour, une très jolie femme du type de romanichel nous croisa, venant de la direction opposée, et nous salua en souriant. — La jolie fille ! remarquai-je. Le visage de John se durcit de nouveau. — C'est Mrs Raikes. — Celle que Miss Howard ?... — Précisément ! dit John avec brusquerie. Je songeai à la vieille dame aux cheveux blancs, dans la grande maison, au petit visage brillant qui venait de nous sourire, et un vague frisson me glaça tout à coup, comme un pressentiment que j'écartai aussitôt. — Styles est vraiment un vieil endroit magnifique, dis-je à John. Il acquiesça d'un air sombre. — Oui, c'est une belle propriété. Cela m'appartiendra un jour, et devrait même m'appartenir maintenant, si mon père avait fait un testament convenable. Et alors je ne serais pas si diablement gêné. — Vous êtes donc gêné ? — Mon cher Hastings, je peux bien vous avouer que je ne sais où me tourner pour me procurer de l'argent. — Votre frère ne pourrait-il pas vous aider ? — Laurence ? Il a mangé tout ce qu'il avait pour faire publier des vers déplorables dans des éditions de luxe. Non, nous sommes des sans-le-sou. Mais je dois dire que ma mère a toujours été très généreuse à notre égard, jusqu'à présent, du moins... Naturellement, depuis son mariage. Il s'interrompit, en fronçant les sourcils. Pour la première fois, je sentis que le départ d'Evelyn Howard avait changé l'atmosphère. Sa présence signifiait la sécurité. Maintenait, cette sécurité avait disparu, et l'air était chargé de suspicion. Je me rappelai le visage sinistre du docteur Bauerstein et, tout d'un coup, j'eus le pressentiment d'un malheur prochain. (A suivre...)