Manifestation n Les «indignés» de Madrid, portés par les soutiens venus de l'étranger, décident de poursuivre leur mouvement. Plusieurs milliers de manifestants, pour beaucoup des jeunes, ont participé, hier, dimanche, à l'assemblée générale, qui a massivement approuvé la proposition : «Nous restons, et nous déciderons plus tard pour combien de temps.» «Nous ne partons pas, nous ne partons pas», a alors scandé la foule. Le mouvement spontané, inédit en Espagne, apparu le 15 mai dernier et largement relayé par les réseaux sociaux, avait décidé une première fois dimanche dernier de poursuivre pour une semaine l'occupation de la Puerta del Sol, dans le centre de Madrid. Toute la semaine, malgré des signes d'essoufflement et de fatigue, des centaines de jeunes se sont encore relayés nuit et jour sur le campement. Mais un porte-parole a expliqué que le succès des assemblées de quartier organisées samedi dernier à Madrid, ainsi que le soutien venu de France, où un millier de jeunes étaient rassemblés au même moment, avaient donné un élan nouveau au mouvement. «Paris, résiste, Madrid est avec toi», ont hurlé les jeunes rassemblés à Madrid à l'annonce de l'évacuation par la police de la Place de la Bastille à Paris, où des tentes avaient également été dressées. Puis la foule assise, les mains levées vers le ciel, a observé une minute de silence «pour Paris». Ce mouvement, qui se veut citoyen et apolitique, regroupe des jeunes, mais aussi des retraités, des chômeurs ou des salariés exaspérés par le chômage, qui touche un Espagnol de moins de 25 ans sur deux, la précarité sociale ou encore la «corruption» de la classe politique. Les revendications, hétéroclites, prennent pour cible le chômage, les excès du capitalisme, les politiciens «corrompus» ou le système électoral accusé de ne pas laisser de place aux petits partis. Mais en l'absence de leader identifié, d'organigramme et de plateforme lisible, la «Spanish revolution» se cherche maintenant une nouvelle direction. Toute la journée d'hier, dimanche, des milliers de personnes ont débattu à la Puerta del Sol de la forme que devrait prendre la contestation. «Nous pensons que nous devons rester jusqu'à ce que nous soyons bien organisés», a lancé l'un des intervenants au micro, avant le vote final. Un consensus s'est dégagé sur le maintien du village de Sol, mais aussi sur la nécessité de le «restructurer» pour prendre en compte les multiples problèmes logistiques. «Les problèmes de cohabitation et d'infrastructure ne suffisent pas pour lever le campement», a affirmé un des orateurs. D'autres énuméraient la liste des problèmes quotidiens dont «la fatigue, l'approvisionnement en nourriture, la fourniture d'électricité, les vols et la présence d'armes blanches», ainsi que des cas de «harcèlement». Outre Paris, les «indignés» ont aussi manifesté à Athènes, où 20 000 personnes se sont rassemblées.En Grèce, les Athéniens ont afflué par milliers dans la soirée sur la place centrale de la capitale, au cinquième jour d'une mobilisation contre l'austérité calquée sur le modèle espagnol des «indignés».