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Contribution
Le mouvement d�Avril 1980 : trente ans apr�s
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 10 - 2010


Par Arab Aknine
1. Le Centre universitaire de Tizi-Ouzou apr�s deux ans d�existence
A la rentr�e universitaire 1979-1980, le Centre universitaire de Tizi-Ouzou (Cuto) �tait � sa troisi�me ann�e d�existence et comptait d�j� pr�s de deux mille �tudiants. Le Cuto �tait compos� de trois campus qui accueillaient les deux mille �tudiants.
Le site de Oued-A�ssi qui abrite le si�ge du rectorat du Cuto et l�Institut des sciences exactes en plus d�une r�sidence universitaire de gar�ons, le site de M�douha transform� pour la circonstance en r�sidence de filles et le campus de Hasnaoua, encore en chantier, inaugur� en partie pour abriter les structures des instituts de biologie, de droit, de sciences �conomiques, de lettres arabes et une r�sidence universitaire. Les deux mille �tudiants du Centre universitaire de Tizi-Ouzou provenaient pour l�essentiel des wilayas de Tizi-Ouzou, B�ja�a et de Bouira. Durant les deux premi�res ann�es de son existence, le Cuto s�est d�j� distingu� par deux gr�ves et des actions de protestation d��tudiants. A sa premi�re ann�e d�ouverture (1977-1978), les autorit�s de wilaya(1) avaient interdit le gala du chanteur A�t Menguellet, invit� par les comit�s estudiantins d�animation culturelle et artistique. Aucune raison, pour motiver ce refus, n�a �t� avanc�e par l�administration. L�ann�e suivante, � l�occasion du 19 Mai, Journ�e nationale de l��tudiant, c�est la repr�sentation th��trale de la pi�ce de Kateb Yacine La guerre de 2000 ans, interpr�t�e par la troupe des �tudiants, qui fera les frais de l�interdiction sous le motif, cette fois clairement assum�, de : �Th�me ne concordant pas avec la journ�e. � On a �galement enregistr� durant cette ann�e des actes myst�rieux de mise � sac de deux salles de pri�re (M�douha et Oued-A�ssi) par des inconnus.
2. La dynamique autonome : pour une repr�sentation l�gitime
M�me si les relents d�une atmosph�re lourde sont largement perceptibles dans les milieux universitaires, rien ne pouvait tout de m�me pr�sager la tournure de ce qui allait �tre le mouvement d�Avril 1980. Nous voil� subitement en face d�une situation politique in�dite qui va surprendre m�me les groupes politiques qui activaient clandestinement. La campagne d�inscriptions dans les rues de Tizi-Ouzou et les distributions de tracts du FFS d�non�ant la dictature et r�clamant les libert�s pour les Alg�riens n�avaient pas suscit� d�int�r�t � la mesure de ce qui allait s�enclencher brutalement. Nous sommes � la deuxi�me semaine du mois d�octobre 1979, la grogne commen�ait � se faire sentir autour des conditions de vie des �tudiants dans les campus universitaires. Un groupe d��tudiants des sciences exactes prend l�initiative de convoquer une assembl�e g�n�rale pour d�battre de ces conditions. C�est de nuit, en faisant le porte-�-porte, que les �tudiants furent invit�s � la r�union en d�pit de l�omnipr�sence des �l�ments structur�s dans l�UNJA moribonde. Nous �tions loin de soup�onner qu�on venait alors d�inaugurer un processus qui allait �voluer vers un �v�nement qui marquera la vie politique de l�Alg�rie. Tr�s vite, le bouillon de d�bats va se structurer et s�axer sur une revendication de contestation de la l�gitimit� des repr�sentations des comit�s d��tudiants sous la banni�re de l�UNJA, organisation de masse du FLN. Une gr�ve qui durera pr�s d�un mois (du 17 octobre au 13 novembre 1979) fut d�clench�e par les �tudiants. La d�cision de cette gr�ve fut prise par vote en assembl�e g�n�rale qui d�signa �galement un groupe d�nomm� �la d�l�gation � pour repr�senter ces derniers aupr�s des structures de l�administration. La gr�ve se prolonge et installe la crise dans la dur�e pour se corser davantage. Des man�uvres sournoises seront entreprises par des �l�ments de l�UNJA pour briser la gr�ve et d�mobiliser le mouvement. En vain. C�est au tour du FLN de mobiliser pour la circonstance ses militants extra-universitaires par cars et d�envahir les campus universitaires, brassards aux bras, pour contraindre les �tudiants � reprendre les cours. L�irruption des militants du FLN � l�int�rieur de l�enceinte de l�universit� offrait un spectacle in�dit et stup�fiant. Les contacts et les discussions directs qui s�engagent dans le calme entre les �tudiants et ces militants en faction nous r�v�l�rent l�ignorance totale de ceux-ci des raisons de leur pr�sence au milieu des �tudiants. Le soir, ils repartirent sans heurts et dans le calme. La gr�ve se prolonge. M�me avec la d�termination certaine qui �tait manifeste dans la masse des �tudiants, l�atmosph�re commen�ait � peser lourdement sur le moral. Les analyses que nous faisions nous dictaient l�imp�ratif de rester vigilants et d�agir avec doigt� et sans r�pit pour assurer un souffle continu au mouvement et maintenir le niveau de mobilisation. C��tait l�unique voie � m�me de nous mettre � l�abri des contre-coups d�une �ventuelle situation de reflux. Un bras de fer s�engage entre les autorit�s locales et le mouvement de contestation des �tudiants repr�sent� par �la d�l�gation �. Les autorit�s locales choisissent la strat�gie de pourrissement et esp�raient une d�saffection et le reflux du mouvement. Une action �nergique de solidarit� du corps enseignant alg�rien avec le mouvement de contestation coupa l�herbe sous les pieds aux partisans de la logique du pourrissement. �La d�l�gation� s�imposa comme repr�sentant incontournable du mouvement des �tudiants et renvoie d�finitivement � la marge les structures de l�UNJA. La gr�ve prend ainsi fin le 13 novembre 1979 et consacre la l�gitimit� de �la d�l�gation�. Le terrain est d�finitivement lib�r� � l�action et aux activit�s de �la d�l�gation�. Au mois de janvier 1980, tous les campus avaient f�t� avec �clat, de fa�on libre et autonome, la journ�e de Yennayer. Des repr�sentations th��trales et des galas artistiques avaient �t� organis�s dans les trois campus durant la nuit du 12 janvier 1980. Je ne puis manquer de rendre hommage � la m�moire de feu Ouahioune Djaffar, �tudiant en sciences exactes, et de rappeler son dynamisme qui �tait pour l�essentiel dans la r�ussite de ces festivit�s. Le FLN cesse d�finitivement d�exercer la tutelle, par l�entremise de l�UNJA, sur les structures estudiantines. Les deux premiers mois de l�ann�e 1980 seront v�cus comme p�riode de r�pit et d�observation. La surveillance polici�re autour des campus universitaires s�est accrue et s�est renforc�e m�me de nuit. Des informations qui nous parvenaient � la cantonade faisaient �tat de discussions dans les rangs du FLN pour la cr�ation de milices de surveillance pour parer aux distributions nocturnes de tracts.
3. L�universit� autonome ou la conscience en mouvement
Ce sont les maisons d��dition fran�aises qui publient l��crivain Mouloud Mammeri. Si ses �uvres romanesques et th��trales en langue fran�aise sont disponibles dans les librairies en Alg�rie, ce n�est pas du tout le cas pour les �uvres portant sur la langue berb�re. La Sned, soci�t� publique d��dition et de diffusion, n�a distribu� que quelques exemplaires de cellesci. Le livre consacr� au po�te Si Mohand ou Mhand ( Isefra de Si Mohand ou Mhand, �d. Maspero 1969) et La grammaire berb�re ( Tajerrumt n Tmazi�t, �d. Fran�ois Maspero 1976). Au d�but de l�ann�e 1980, M. Mammeri publie, toujours chez Maspero, Les po�mes kabyles anciens. Le journal fran�ais Lib�ration rend compte de la publication de ce livre consacr� � la po�sie kabyle ancienne. En Alg�rie, pas m�me un entrefilet d�annonce n�a �t� r�serv� � celle-ci par les journaux de l��poque. Dans les milieux universitaires, rares sont ceux qui �taient au fait de cette publication. Mais, ce sont les po�mes anciens qui vont mettre le feu aux poudres, titrera quelques semaines plus tard un journal fran�ais. Deux enseignants de l�universit�, Ramdane Achab et Hend Sadi, �taient en contact avec l��crivain Mouloud Mammeri qui rentrait de France apr�s la parution de son livre. Ils nous font part au campus de Oued-A�ssi de la possibilit� d�inviter l��crivain pour une conf�rence sur son dernier livre consacr� � la po�sie kabyle ancienne. La nouvelle a �t� accueillie favorablement dans les comit�s d��tudiants. Il restait � confirmer et fixer la date. Les deux enseignants sont charg�s pour cela aupr�s de Mouloud Mammeri. Quelque temps plus tard, arrive la confirmation et la date du lundi 10 mars 1980 � quatorze heures au campus de Hasnaoua fut retenue pour cette conf�rence. A quelques jours seulement de cette date, les comit�s de cit�s placardent des affichages muraux pour annoncer l�information aux �tudiants. Il �tait difficile de croire qu�une conf�rence de Mouloud Mammeri sur la po�sie kabyle ancienne pouvait d�ranger en haut lieu de hi�rarchie. Tant pis pour ceux qui affectionnent et privil�gient la logique de contr�le policier au d�triment de l�autonomie et des libert�s. Des man�uvres dilatoires et des agissements occultes seront mis en branle durant la nuit du 9 au 10 mars. Un appel t�l�phonique myst�rieux se faisant passer pour le recteur du centre universitaire annonce � M. Mammeri l�annulation de la conf�rence. Ces man�uvres qui ont suscit� beaucoup d�inqui�tudes sont rest�es dans le secret total parce que cela risquait de provoquer un effet de d�mobilisation. Plus tard, le nom du directeur du Cous (Nour Merabtene) a �t� �voqu� comme l�auteur probable de ce coup de fil. Pouvait-il agir seul ? Pas si s�r !
4. Conf�rence interdite : le sursaut de dignit�
Avant de se rendre � Tizi- Ouzou durant la matin�e du lundi 10 mars, M. Mammeri avait pris le soin de confirmer les choses par t�l�phone aupr�s de M. Arab, recteur du Cuto. Ce dernier avait d�menti le report ou l�annulation de la conf�rence et s�est d�clar� �tranger � cet appel t�l�phonique. Pour les �tudiants, cette matin�e du 10 mars se pr�sentait au rythme du train de vie ordinaire. Habituellement, les apr�s-midi des journ�es du lundi �taient libres de toute activit� p�dagogique pour �tre consacr�es � l�animation culturelle ; le plus souvent au cin�club de la Maison de la culture. Mais pour ce lundi 10 mars 1980, les bus du transport universitaire commen�aient � converger massivement vers le campus de Hasnaoua � partir de treize heures. Il y avait foule dans la cour du campus et beaucoup parmi les pr�sents �taient des extra-universitaires, inform�s sans doute de la tenue de la conf�rence et venus y assister. Quand arrive l�heure pr�vue pour la tenue de la conf�rence, M. Mammeri n��tait toujours pas l�. La foule commen�ait � s�impatienter au fur et � mesure que le temps passait. Un sentiment d�indignation g�n�rale se lisait sur les visages m�me si aucune information n�avait �t� donn�e par les organisateurs, qui euxm�mes ignoraient tout. Une heure passe. Il est quinze heures et les organisateurs n�avaient toujours aucune information sur ce qui est advenu du conf�rencier. Une demi-heure plus tard, Tari Aziz, �tudiant en sciences exactes, prend la parole pour inviter la foule pr�sente � se disperser dans le calme et rester attentive en attendant des informations. La foule se disperse calmement mais non sans grande consternation. Que s�est-il pass� au juste ? M. Mammeri en compagnie de Salem Chaker a �t� interpell� par un barrage de police � la hauteur de Dra�-Ben-Khedda puis conduit au cabinet du wali. Apr�s avoir �t� retenu pendant longtemps au si�ge de la Wilaya, on lui annon�a que sa conf�rence �tait annul�e et qu�il �tait ind�sirable � Tizi-Ouzou, qu�il doit quitter imp�rativement. Bless�s, affect�s dans notre dignit�, nous �tions loin d�imaginer une forme quelconque de r�action � cet attentat � la dignit� tant l��motion du sentiment d�injustice pesait si fortement sur nos esprits. Il y avait comme un sentiment g�n�ral �prouv� de d�possession. Mais la d�termination et la volont� � r�tablir l��thique pi�tin�e � l�universit� �taient totales et lisibles chez tous les �tudiants. Il ne restait que les formes � d�finir. Apr�s le d�ner, les �tudiants du campus de Oued-A�ssi improvisent une assembl�e g�n�rale. Quelque temps apr�s avoir fait le porte-�-porte des pavillons de r�sidence, l�amphith��tre des sciences exactes �tait d�j� bond� de monde. Une heure � peine avait suffi � l�assembl�e pour prendre des d�cisions et arr�ter des actions : manifestation pour le lendemain dans les rues de la ville pour d�noncer l�interdiction de la conf�rence. Constitution de plusieurs groupes de volontaires d�sign�s pour informer t�t le matin du mardi 11 mars les �tudiants du campus de Hasnaoua de ces d�cisions. Confectionner dans la nuit des banderoles avec les slogans retenus. Pr�parer les conditions mat�rielles de l�assembl�e g�n�rale de toute l�universit� � 9h au restaurant universitaire de Hasnaoua. Canaliser et orienter les �tudiants et les �tudiantes � la salle de r�union. En un tour de main, les choses �taient totalement ficel�es. Quatre draps d��tudiants seront sacrifi�s dans la foul�e pour faire office de banderoles peintes au gros marqueur. Quand arrive minuit, le groupe se disperse pour quitter la chambre de Aziz Tari du pavillon E avec toutes les t�ches accomplies. Les quatre banderoles avaient tout le temps de s�cher au petit matin.
- La culture berb�re n�est elle pas alg�rienne ?
- Wali, CNP conf�rence de M.Mammeri interdite.
- Non � la r�pression culturelle.
- Oui pour une culture populaire alg�rienne.
Au matin du mardi 11 mars 1980, quand arrivent � Hasnaoua les �tudiants de Oued-A�ssi � bord de bus pleins � craquer, les groupes d�sign�s �taient � pied d��uvre et avaient d�j� accompli l�essentiel des t�ches assign�es d�information et de mobilisation. La salle de restaurant �tait bond�e d��tudiants attentifs et pr�ts � toute consigne qui pouvait �tre donn�e. Les v�hicules de la police r�daient ostensiblement autour de l�universit� avec leurs gyrophares en action pour nous intimider. En l�espace d�une heure � peine, toutes les d�cisions furent soumises de nouveau � l�assembl�e g�n�rale de l�universit� et approuv�es par la majorit� des �tudiants. Et vers dix heures trente, une marche de plusieurs centaines d��tudiants accompagn�s de quelques enseignants universitaires s��branle vers la ville scandant des slogans de d�nonciation de l�interdiction de la conf�rence. La ville s�est vite mise en arr�t d�activit�, le trafic de v�hicules et les agents de police disparaissent de la circulation. Quand arrive le cort�ge � hauteur de l�h�pital, les trottoirs �taient noirs de badauds. Beaucoup se joignaient au cort�ge. Deux tours des rues de la ville, une halte devant la Wilaya et une autre devant le lyc�e polyvalent, une minute de silence devant le monument aux morts du centre-ville et la marche s�ach�ve au campus de Hasnaoua en compagnie de beaucoup de ceux qui s��taient joints au cort�ge. Les youyous des femmes lanc�s des balcons de la ville r�sonnaient encore dans nos oreilles et gonflaient l�orgueil de la foule qui s�est dispers�e calmement avec les remerciements des �tudiants et le sentiment du devoir accompli.
5. La dynamique d�automobilisation
Le 12 mars 1980, une lettre ouverte adress�e au pr�sident de la R�publique fut r�dig�e en assembl�e g�n�rale. Elle ne parviendra � la pr�sidence que le 15 mars, quand le groupe d��tudiants charg�s de la remettre fut re�u par le secr�taire g�n�ral (M. Benhabil�s). A leur retour, un compte-rendu a �t� pr�sent� devant l�assembl�e g�n�rale des �tudiants qui s�est tenue au campus de Hasnaoua. La lettre ouverte retra�ait les �tapes et les interdits dont �taient victimes les activit�s organis�es par les comit�s autonomes des �tudiants du Cuto. Dans sa conclusion, elle r�affirmait la n�cessit� de r�tablir les droits de la culture berb�re et garantir les libert�s d�mocratiques au sein de l�universit�. Le 13 mars 1980 au matin, les citoyens d�couvrent les murs de la ville recouverts d�inscriptions du FFS qui d�noncent l�injustice et appellent � la d�mocratie. Les autorit�s mobilisent une arm�e de peintres qui les couvrent pr�cipitamment. A partir du 16 mars 1980, des manifestations sporadiques de jeunes �clatent dans toutes les villes et villages. Et pour la premi�re fois, certains titres de la presse �trang�re rendent compte de ces manifestations. Le lendemain, Daniel Junqua, correspondant du journal Le Monde � Alger, s��tait d�plac� � Tizi-Ouzou et fut re�u � l�universit� par les �tudiants et les enseignants. Le 17 mars 1980, le chanteur Ferhat est invit� par les �tudiants pour un gala au campus de Hasnaoua. About Arezki, laborantin � l�universit�, prend la parole durant les d�bats pour �voquer les tracts distribu�s d�un parti clandestin d�nomm� FUAA (Front uni de l�Alg�rie alg�rienne). Il sera arr�t� le lendemain par des agents de la gendarmerie. Le 20 mars, le journal El Moudjahid publie un concentr� d�insultes contre Mouloud Mammeri qu�il intitule �Les donneurs de le�ons� avec une signature aux initiales K. B. Des informations nous parviennent � l�universit� faisant �tat de l�arrestation, � Beni Douala, d�un technicien en �lectronique (Chemim Mokrane). Tard dans la soir�e, feu Benghezli Mohamed Achour, originaire de Beni Doula, nous confirme cette arrestation. La campagne de presse et les arrestations qui se poursuivaient commen�aient s�rieusement � susciter de l�inqui�tude dans le milieu des �tudiants. Le 26 mars, l�assembl�e g�n�rale des �tudiants d�cide de manifester une seconde fois en ville pour d�noncer ces arrestations et les mensonges de la presse. Encore une fois, il a fallu tout le courage et l��nergie de feu Ouahioune Djaffar pour renverser la tendance � la r�ticence des �tudiants, largement gagn�s par l�inqui�tude. Des informations nous parviennent de la wilaya de B�ja�a avec son lot de manifestations et d�arrestations �galement. A partir du 2 avril 1980, des rumeurs persistantes faisaient �tat d�une manifestation � Alger le 7 avril � 10 h � la place du 1er- Mai. Dans la masse des �tudiants, il y avait beaucoup de d�termination � se rendre en force � cette manifestation. C�est dans l�apr�s-midi du 5 avril que nous parviendra la mise au point de M. Mammeri � l�article du journal El Moudjahid, intitul� �Les donneurs de le�ons�. Quand les �tudiants envahissent massivement le centre de reprographie de Oued-A�ssi pour reproduire la lettre de M. Mammeri, c�est le commissaire divisionnaire de police Na�t Abdelaziz qui se rendra sur les lieux dans un style hollywoodien � talkie-walkie en main � pour nous inviter � surseoir � cette diffusion, car toutes les revendications revendications �taient satisfaites. Il sera vertement pris � partie par les �tudiants et vid� de l�universit�. En d�sespoir de cause, et face � la fougue de notre jeunesse, il ne cessait de nous r�p�ter qu�il avait encore le plomb du colonialisme fran�ais dans sa chair et qu�il n�avait pas le temps pour se faire op�rer. Plus tard, nous apprendrons que c�est entre le Maroc et le nord de la France qu�il a pass� toute la p�riode de la guerre de Lib�ration. Des renforts de police anti�meutes ont �t� d�p�ch�s dans la wilaya de Tizi-Ouzou. C�est le centre de formation professionnelle de Tadma�t qui est transform� pour la circonstance en caserne d�accueil. Le dimanche 6 avril 1980, la communaut� universitaire tient une assembl�e g�n�rale et d�cide de participer massivement � la marche de protestation d�Alger. Pour �chapper aux barrages de contr�le dress�s sur la route Tizi-Ouzou/Alger, des groupes empruntent de nuit l�axe Ouadhias-Tizi Ghenif avec banderoles et tracts. Redoutant une r�pression et des arrestations massives durant la marche d�Alger, certains enseignants avec des �tudiants rest�s sur place tiennent une r�union informelle dans la soir�e et envisagent de constituer un comit� de suivi. C��tait l�embryon du futur comit� anti-r�pression. Beaucoup de na�vet� de notre part. L�inexp�rience faisant. Nos m�thodes de travail n��taient pas exemptes de reproches. Le lendemain, une r�pression violente fut d�clench�e contre les manifestants, plusieurs centaines d�arrestations ont �t� enregistr�es en fin de matin�e de ce lundi 7 avril 1980 � Alger. Et jusque tard dans la soir�e, plusieurs dizaines d�autres �tudiants n�avaient pas encore donn� signe de vie.
6. Propagande et r�pression : l�impasse d�une vision utopique
Avec le bilan si lourd de cette situation inattendue, nos camarades rest�s sur place � Tizi-Ouzou proclament la naissance du comit� anti-r�pression pour dresser le bilan de la marche. Le mardi 8 avril 1980, le comit� anti-r�pression tient sa r�union et installe ses structures compos�es � parit� �tudiants-enseignants-travailleurs. Il est structur� en quatre commissions pr�sid�es chacune par un enseignant universitaire : la commission coordination-information, la commission relations ext�rieures officielles, la commission relations ext�rieures non officielles, la commission animation et vigilance. Une assembl�e g�n�rale se tient durant la journ�e et proclame la gr�ve illimit�e de l�universit� avec occupation de locaux jusqu�� la lib�ration des emprisonn�s. Une d�l�gation du comit� anti-r�pression est re�ue en milieu d�apr�s-midi par le wali qui a tenu des propos rassurants quant � la lib�ration des emprisonn�s. C�est au paroxysme du climat de tension que Ramdane Achab va assurer le premier cours libre de langue tamazight au campus de Hasnaoua sous occupation. Un amphi bond� d��tudiants, qui d�couvraient pour la premi�re fois la transcription latine de la langue amazighe. C�est le d�fil� devant le manuel de transcription �dit� par Imedyazen pour le regarder telle une relique de l�histoire. Les jours d�apr�s, Mustapha Benkhemou assurera � son tour � la Facult� centrale d�Alger un autre cours libre. Le lendemain 9 avril, le comit� anti-r�pression rend publique une d�claration qui d�nonce la campagne calomnieuse de la presse et les arrestations. Entre-temps, les stagiaires de la formation professionnelle manifestent massivement et rejoignent l�universit� � la fin de leur marche. Des repr�sentants de la presse �trang�re sont re�us � l�universit�. Dans une mine d�sappoint�e, le commissaire divisionnaire Na�t Abdelaziz se pr�sente devant le portail de Hasnaoua et demande � des �tudiants, sur un air mena�ant, que soient vid�s les journalistes de la presse �trang�re pr�sents dans l�enceinte de l�universit�. En vain. Le lendemain jeudi 10 avril 1980, le wali (Sidi Sa�d Hamid) organise un meeting de soutien � la direction politique du pays. Il a rameut� par bus des paysans de la r�gion de Dellys-Cap Djinet qui emplissent l�art�re principale de la ville d�cor�e de drapeaux pour la circonstance sous les cam�ras de la t�l�vision. Une tension vive �tait perceptible chez les �tudiants dont certains voulaient m�me saborder la manifestation, quitte � recourir � l�affrontement pendant que le comit� anti-r�pression jouait l�apaisement. Toutes les all�es menant vers l�esplanade du meeting �taient bloqu�es par les forces de l�ordre. En fin d�apr�s-midi, le comit� anti-r�pression tient une conf�rence de presse en pr�sence de journalistes de la presse �trang�re. Il avait expliqu� les �volutions et les enjeux qui se d�veloppaient autour du mouvement et la dynamique de l�automobilisation sans cesse croissante. Il a r�affirm� le caract�re fondamentalement pacifique du mouvement et confirm� les arrestations et le maintien en prison de trois d�tenus : About Arezki, Chemim Mokrane et Na�t Abdellah Mohamed. Durant toute la semaine, des pages enti�res du journal El Moudjahid sont r�serv�es aux messages de soutien des kasmates du FLN � la direction politique du pays. Des manchettes sont consacr�es � la d�nonciation des agents de l�imp�rialisme. La solidarit� et les marques de sympathie au mouvement ne cessaient d��tre affirm�es chaque jour davantage par des citoyens le plus souvent anonymes. Ainsi, les �tudiants qui assuraient la vigilance de nuit recevaient r�guli�rement des offrandes de nourriture, de g�teaux, de caf� et m�me de tabac. Des visites incessantes de solidarit� et de soutien durant les soir�es de personnages publics. Je ne manquerai pas d��voquer la premi�re visite de la chanteuse Malika Domrane ; � l��poque infirmi�re � l�h�pital psychiatrique de Oued-A�ssi, qui, d�s son entr�e, attirera notre attention sur un intrus pr�sent dans les locaux de la commission information, comme une taupe des services. En effet, H. M., fils du muphti de la mosqu�e, accompagnera le 20 avril au matin, avec un certain M. Khellaf des renseignements g�n�raux, les brigades op�rationnelles de la s�curit� militaire pour reconna�tre les t�tes � sceller. Le premier nomm� sera promu � de hautes fonctions dans l�administration de l�Etat. Il exerce aujourd�hui des responsabilit�s administratives dans les alentours d�Alger. Le personnel de l�h�pital tient une assembl�e g�n�rale pour d�cr�ter sa solidarit� avec le mouvement et affiche des banderoles sur son mur d�enceinte. La Sonelec, la Sonitex, la SNLB, les �tudiants de l�ITE font de m�me et affirment leur solidarit� au mouvement avec des arr�ts d�activit�s observ�s successivement.
7. L��tau resserr� et l�assaut de l�universit�
Le lendemain 11 avril 1980 au matin, tous les acc�s � l�universit� sont boucl�s par les forces de l�ordre. L�acc�s sera d�sormais exclusivement r�serv� aux �tudiants sur pr�sentation de cartes, les autres sont syst�matiquement refoul�s. Le 12 avril 1980, le groupe de travail compos� d�enseignants et d��tudiants charg� de mettre au point un programme de revendications a finalis� son travail pour �tre pr�sent� aux autorit�s. L�information pour une gr�ve g�n�rale le 16 avril 1980, qui n��tait jusque-l� qu�au stade de la rumeur, commen�ait � trouver �cho favorable chez la population. Dans la soir�e du 13 avril, un tract sign� comit� de soutien aux �tudiants et travailleurs en gr�ve appelle les Alg�riens � se mettre en gr�ve g�n�rale. Des centaines d�ouvriers des chantiers universitaires de l�Ecotec rentrant le soir chez eux, dans toutes les directions, avec chacun une liasse de tracts de l�appel � la gr�ve et la consigne de les placarder dans tous les caf�s des villages. Le 14 avril, le ministre de l�Enseignement sup�rieur, Abdelhak Brerhi, se rend � l�universit�. Il arrive en compagnie de Djamal Labidi (conseiller du ministre), Hachemi Cherif (dirigeant syndical FTEC), les autorit�s civiles locales dont Sidi Sa�d Hamid et le chef du secteur militaire de Tizi-Ouzou pour assister � l�assembl�e g�n�rale.
En fin d�magogue, M. Brerhi se lance dans une diatribe de menaces � peine voil�es m�l�es � une logomachie prolixe de �patriardise� pour d�noncer les harkis et les r�actionnaires. Un �tudiant bizarre va se livrer au jeu de la d�nonciation des opposants qui manipulent de l��tranger que Brerhi f�licitera d�ailleurs et applaudira chaudement du haut de son pi�destal. Cependant, un incident sera enregistr� en fin de journ�e. Mouloud Khellill et Idir Reddad seront arr�t�s lors d�un contr�le de barrage de gendarmerie � la sortie ouest de Tizi-Ouzou. Ils �taient en possession de tracts appelant � la gr�ve qu�ils acheminaient sur Dra�-Ben-Khedda. Le 16 avril 1980 au matin, Tizi-Ouzou �tait ville morte. Vers 10 heures, des informations nous parvenaient de toutes les villes environnantes confirmant le suivi massif de la gr�ve. Des processions de gens sans discontinuit� se dirigeaient vers le campus de Hasnaoua, o� il y avait d�j� foule. Surpris par cette situation inattendue que nous contemplions de l�int�rieur de l�universit�; nous redoutions des actes de provocation qui pourraient facilement d�g�n�rer. Mais l�intervention de Ramdane Achab � travers le haut-parleur de la commission information appelant la foule � la responsabilit� dans un kabyle ch�ti�, digne des amusnaw de jadis d�crits par Mouloud Mammeri, a vite rass�r�n� les esprits et ramen� le calme. C��tait suffisant pour comprendre que la jeunesse venait de trouver pour la premi�re fois en l�universit� un centre d�orientation qu�elle cherchait. Le soir, une r�union regroupant les repr�sentants des diff�rents sites : h�pital, Sonelec, universit�, etc. Sur proposition des d�l�gu�s des m�decins de l�h�pital, l�id�e de cr�ation d�une structure de coordination du mouvement sera alors ent�rin�e. Le comit� de coordination populaire venait de na�tre avec son si�ge fix� � l�h�pital. Le 17 avril 1980, une assembl�e g�n�rale s�est tenue � Hasnaoua. A l�ordre du jour, la r�ponse au t�lex re�u la veille du ministre de l�Enseignement sup�rieur, nous invitant � reprendre les cours avant le samedi 19 avril, d�lai de rigueur. Le soir, la t�l�vision diffuse un discours de Chadli qui s�en prenait vertement � la population de Tizi-Ouzou. Le montage n��tait pas sans incidence sur le moral des �tudiants. Les enseignants d�cident de r�diger un texte d�appel aux intellectuels. Avec l�assaut donn� � l�universit� durant la nuit du 19 au 20 avril, la diffusion de ce texte reproduit n�a jamais pu �tre assur�e. Le 19 avril 1980, curieuse visite � la veille de l�assaut de l�universit� ! Abdelkrim Dj�ad du journal Alg�rie Actualit�, en compagnie de Sid Ahmed Agoumi, directeur de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, rend visite � l�universit�. Le jeudi suivant, l�hebdomadaire Alg�rie Actualit� consacrera un long article aux th�ses de la main �trang�re dans le mouvement. Durant l�apr�s-midi, les tensions dans le mouvement d�j� persistantes depuis plusieurs jours se compliquent. Des clivages, avec des dessous id�ologiques, entre enseignants, �tudiants et travailleurs, d�j� latents depuis longtemps, commen�aient � s�affirmer subitement dans les r�unions de travail. Des �changes de propos � la limite de la correction seront entendus. Toutes les tentatives initi�es par certains enseignants pour d�samorcer ces tensions ont �t� vaines. Vers 20 h d�j�, les gens �taient us�s par la cadence des r�unions et le manque de sommeil. Tard dans la nuit, on se s�pare avec la perspective de reprendre le travail le lendemain matin. A l�aube du 20 avril 1980, vers 4 h du matin, tous les campus profond�ment plong�s dans le sommeil avaient �t� investis manu militari par des commandos et des chiens d�attaque. Des centaines d�arrestations et de bless�s �vacu�s � l�h�pital, qui a �galement �t� investi t�t le matin pour proc�der aux arrestations de m�decins et infirmiers recherch�s, seront enregistr�s. Vers 10 h, quand la brume qui enveloppait la ville dispara�tra sous l�ensoleillement, la population d�couvre avec stup�faction le spectacle des �tudiants massacr�s � l�int�rieur de l�enceinte de l�universit�. R�action imm�diate, on �rige des barricades et on d�clenche des �meutes. Plusieurs jours durant, les jeunes et la population en g�n�ral se sont mobilis�s qui par cars, qui par camions qui � pied de tous les villages et villes environnants pour converger vers Tizi-Ouzou. Toute la Kabylie se mobilise dans un immense �lan de protestation contre la violence de l�Etat faite � des �tudiants � mains nues. La ville de Tizi- Ouzou va rester boucl�e plusieurs jours durant. A partir du jeudi 24 avril, les affrontements entre forces de l�ordre et la population vont baisser d�intensit�. Les rares rescap�s encore en libert� vont r�tablir petit � petit les contacts entre eux et reconstituer des groupes pour se retrouver � Alger autour de la Fac centrale qui �tait en �bullition. Des dizaines d��tudiants de la Fac centrale �taient toujours en �tat d�arrestation. Un comit� de solidarit� a �t� mis sur pied pour collecter les informations. C�est ainsi que l�information faisant �tat de trente-deux morts qui circulait avait �t� d�mentie. Pour donner la preuve d�une situation ma�tris�e et de calme revenu � Tizi-Ouzou, la t�l�vision diffuse au JT de 20 heures du vendredi 25 avril des images de Tizi-Ouziens jouant aux dominos. Le jeudi 15 mai 1980, le journal de 20 heures annonce subitement la r�ouverture du centre universitaire de Tizi-Ouzou pour le samedi 17 mai. Un communiqu� du minist�re de l�Enseignement sup�rieur lu � la t�l�vision appelle les �tudiants � reprendre les cours. Beaucoup de personnes arr�t�es depuis le 20 avril seront rel�ch�es et r�appara�tront durant cette journ�e du 15 mai 1980. Le samedi 17 mai 1980, en derni�re page du journal El Moudjahid, on publie la liste de 24 personnes � d�f�rer devant la cour de S�ret� de l�Etat pour leur responsabilit� dans ce qui �tait appel� les �v�nements de Tizi-Ouzou. Le dimanche 18 mai 1980, une gr�ve g�n�rale est d�clench�e spontan�ment en r�action � la d�cision de traduction des 24 personnes devant la cour de S�ret� de l�Etat. Tr�s peu d��tudiants se pr�senteront en cette matin�e du 18 mai au centre universitaire de Tizi-Ouzou. Le lundi 19 mai 1980, les traumatismes, les s�quelles de blessures et de fractures �taient encore visibles chez beaucoup du peu d��tudiants pr�sents � l�universit�. Il �tait difficile d�imaginer une reprise normale des cours dans une telle situation. Un comit� de solidarit�, mixte enseignants, �tudiants et travailleurs, avec les d�tenus et leurs familles sera quand m�me mis sur pied. Il initiera une qu�te d�argent pour venir en aide aux familles des d�tenus, des recueils de signatures d�une p�tition pour la lib�ration des emprisonn�s, la constitution de collectif d�avocats pour la d�fense et organisation de cort�ges de visites pour les prisonniers � la prison de Berrouaghia. Le climat de suspicion �tait tel qu�il �tait impossible pour nous d��uvrer � une reprise p�dagogique normale pendant que beaucoup de nos amis �taient encore en prison. Deux camarades �tudiants toujours sous le choc psychologique seront hospitalis�s � l�h�pital psychiatrique de Oued-A�ssi pendant plusieurs semaines.
8. Le d�nouement
Une assembl�e g�n�rale se tient dans des conditions extr�mement difficiles et d�cide de reprendre les cours pour assurer l�ouverture de l�universit�. L�universit� rouverte constituait tout de m�me un point de rencontre important pour �uvrer � la lib�ration de nos camarades. Elle nous a permis de rester en contact avec les journalistes, les familles et proches des d�tenus, d�organiser la solidarit�, etc. Les contacts seront r�tablis avec des �tudiants de l�Universit� d�Alger, les autorit�s locales, les avocats, le minist�re de l�Enseignement sup�rieur. Pour faire en sorte que les �tudiants restent sur place dans les campus universitaires, la troupe th��trale de Sidi-Bellab�s de Kateb Yacine et le chanteur Ferhat M�henni, lui aussi parmi les lib�r�s du 15 mai, vont assurer quelques soir�es d�animation � Hasnaoua. Cette situation, qui durera ainsi jusqu�� la mi-juin, nous a permis de panser les blessures psychologiques, maintenir la mobilisation et r�tablir la confiance et l�assurance des familles et proches des d�tenus qui �uvraient en solidarit� avec nous � leur lib�ration. Le 31 mai 1980, Abdelhaq Brerhi est re�u � l�universit� en compagnie du responsable du Snesup, des autorit�s locales et du recteur. Rien de sp�cial n�avait �t� apport� dans cette assembl�e, sinon de justifier l�objet de sa pr�sence par son d�sir d��couter pour transmettre les pr�occupations des universitaires � la direction politique du pays. A mesure que les choses �voluaient, la confiance s�installait de plus en plus en nous quant � la lib�ration de nos camarades d�tenus. Nous serons d�autant plus soulag�s � chaque visite qu�on leur rendait en prison. Le 16 juin 1980, je les voyais dans un moral au top, se permettant m�me de raconter des blagues � travers le parloir. Le signe de d�nouement, tant attendu, nous ne le percevrons que le 24 juin 1980 au soir au campus de Hasnaoua, quand une consigne transmise de la r�union du congr�s du FLN par le biais du cabinet du wali nous demandait de surseoir � la qu�te d�argent. La mise en libert� de nos camarades d�tenus est confirm�e le lendemain dans la soir�e. Le jeudi 26 juin 1980, un cort�ge sera organis� sur Berouaghia pour les accueillir � leur sortie. Trente ans apr�s, que peuton retenir du mouvement d�Avril 1980 ? Une grande d�bauche d��nergie. La langue tamazight reste plus que jamais dans sa situation de menace de disparition.
A. A.
(1) A cette p�riode, M. C. Kherroubi �tait wali de la wilaya et Sidi Sa�d Hamid, commissaire national du FLN.
Bibliographie
- Tafsut Imazighen, revue de presse. Ed Imedyazen Paris 1980.
- Chronologie des �v�nements de Kabylie
- mars 1980. Rachid Chaker. Ed. ron�ot�e Tafsut.


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