C'était donc l'heure des Lions. Ils ont montré leurs crocs, ils ont sorti leurs griffes. Ils ont rugi et ils n'ont fait qu'une bouchée des «pôvres» Fennecs égarés dans le désert immense de leur incompétence. Les Lions de l'Atlas ont joué au football en professionnels. On disait que la pression était sur eux, qu'elle pourrait être un handicap. En professionnels jusqu'au bout de leurs crampons, ils ont su la gérer, l'évacuer et s'amuser comme des gamins heureux de tout ce qu'ils faisaient, de tout ce qu'ils réussissaient, au point de donner le tournis aux Fennecs qui s'échinaient à courir derrière un ballon insaisissable. Hier, c'était l'heure des Lions. Non seulement parce qu'ils ont été les plus forts mais aussi parce que les Fennecs étaient nuls. Les Lions ont gagné le match qu'il ne fallait pas perdre. Les Fennecs ont perdu celui de la dernière chance. Maintenant la page — ou plutôt la parenthèse — Benchikha est fermée. Le général s'en va sur une déculottée comme pas permis. Le football national saura-t-il se relever de ce K.-O. de Marrakech, se remettre à flot après ce naufrage historique ? L'inquiétude est de mise, car la déroute du 4 juin n'est pas seulement la perte d'une qualification. A moins de se voiler la face, — c'est malheureusement une spécialité algérienne —, elle est synonyme de l'échec cuisant de la gestion de notre football. Ce n'est pas seulement Benchikha qui a failli. Des responsables à tous les niveaux doivent avoir l'élégance de reconnaître aussi leur incapacité et leur nullité à mener une politique efficace de ce sport que nous aimons et qui nous procure quelques joies avec parcimonie, mais qui nous fait tant souffrir. Eux aussi doivent partir, comme doivent partir des joueurs retraitables et qui s'accrochent toute honte bue. Il faut avoir le courage de faire table rase du passé, de tout un lourd passif, de donner une véritable chance aux joueurs locaux et d'arrêter de les mépriser. Au plan politique, l'heure est aux réformes. Autant le faire aussi pour le football en crevant avec le bistouri cet abcès trop mûr et qui a constitué le dossier de notre sport roi. Et que tout le pus en sorte ! Et que la plaie soit nettoyée une bonne fois pour toutes !