Résumé de la 31e partie n Poirot, avant de quitter la chambre de Mrs Inglethorp, décide de fouiller le bureau placé dans un coin de la pièce... J'allais exposer mes théories à Poirot, lorsque ces paroles détournèrent mon attention : — Allons examiner les tasses à café. — Mon cher Poirot ! A quoi bon, maintenant que nous sommes fixés au sujet du cacao ! — Oh là ! là ! ce misérable cacao ! s'écria Poirot légèrement. Il se mit à rire, comme très amusé, en levant les bras au ciel dans un désespoir comique, geste qui, d'ailleurs, me parut du plus mauvais goût. — En tout cas, continuai-je, avec une froideur marquée, comme Mrs lnglethorp a emporté son café dans sa chambre, je ne vois pas ce que vous pouvez espérer découvrir, à moins que vous ne pensiez trouver un paquet de strychnine sur le plateau. Poirot recouvra aussitôt son sérieux. — Allons, allons, mon ami, ne vous fâchez pas. Permettez-moi de m'intéresser à mes tasses à café, et je respecterai votre cacao. Voilà ! C'est entendu ! II eut un air si comiquement désolé que je fus bien obligé de rire ; nous nous rendîmes ensemble au salon, où les tasses étaient toujours sur le plateau, là où nous les avions laissées la veille. Poirot me fit récapituler la scène de la veille, m'écoutant très attentivement et vérifiant la position de chacune des tasses. — Donc, Mrs Cavendish se tenait auprès du plateau et versa le café. Bien. Puis elle se dirigea vers la fenêtre où vous étiez assis avec Miss Cynthia. Oui Voici les trois tasses. Et la tasse à demi-pleine, sur la cheminée, doit être celle de Mr Laurence Cavendish. Et celle qui est sur le plateau ? — A John Cavendish. J'ai vu qu'il l'avait posée là. — Bon. Un, deux, trois, quatre, cinq. Mais, dans ce cas, où est la tasse de Mr Inglethorp ? — Il ne prend jamais de café. — Ainsi l'emploi de chaque tasse se trouve justifié... Un moment, mon ami. Avec un soin infini, il prit une ou deux gouttes du fond de chaque tasse et les enferma séparément dans des petits tubes en verre, n'oubliant pas de goûter chaque fois le café ainsi prélevé. Un changement curieux transforma tout à coup sa physionomie : il parut interloqué et pourtant à demi-soulagé. — Bien, dit-il enfin. C'est évident. J'avais une idée, mais il est clair que je me trompais. Oui, tout à fait. Pourtant, c'est étrange. Enfin, tant pis ! Et d'un haussement d'épaules caractéristique, il chassa de sa pensée ce qui le tourmentait. J'aurais pu lui dire que son obsession au sujet du café ne mènerait à rien, mais je me retins. Car, après tout, même vieux, Poirot restait un grand homme. — Le déjeuner est servi, annonça John Cavendish venant du hall. Vous déjeunerez avec nous, n'est-ce pas, monsieur Poirot ? Poirot accepta. J'observai John. Il avait déjà presque retrouvé son équilibre après le choc des événements de la nuit. II est doué de très peu d'imagination, en contraste marqué avec son frère qui en possédait peut-être trop ! (A suivre...)