Résumé de la 30e partie n Poirot doute que le cacao ait été empoisonné... Bien entendu, autrement, que pouvait bien être le sel répandu sur le plateau ? — Du sel ! répliqua Poirot, impassible. Je haussai les épaules. Inutile de discuter avec lui s'il allait prendre les choses sur ce ton-là ! L'idée me traversa l'esprit, et pas pour la première fois, que ce pauvre Poirot devenait vieux. Et je me dis à part moi qu'il était heureux pour lui d'avoir dans cette affaire un associé à l'esprit plus ouvert. Poirot me regardait d'un air tranquille et amusé. — Vous n'êtes pas content de moi, mon ami ? — Mon cher Poirot, répondis-je froidement, ce n'est pas à moi de vous diriger. Vous avez droit à votre propre opinion, comme j'ai droit à la mienne. — Sentiment vraiment admirable ! remarqua Poirot en se levant vivement. Voilà, j'en ai fini avec cette chambre. A propos, à qui appartient le petit bureau américain qui se trouve là dans le coin ? — A Mr Inglethorp. — Ah ! Il essaya de l'ouvrir. — Fermé à clef. Mais peut-être une des clefs de Mrs Inglethorp l'ouvrirait-elle ? Il en essaya plusieurs, les tournant d'une main experte et, finalement, il poussa une exclamation de satisfaction. — Voilà, dit-il, ce n'est pas la bonne, mais elle l'ouvrira quand même. II repoussa le haut du bureau et jeta vivement un regard sur les papiers classés avec ordre. A ma surprise, il ne les examina pas, se bornant à remarquer avec approbation : — Décidément, ce Mr Inglethorp est un homme méthodique. Et, pour Poirot, ce brevet de méthode était la plus haute louange. Alors je compris que mon ami n'était plus ce qu'il fut lorsqu'il reprit à propos de rien : — Il n'y a pas de timbres dans son bureau, mais il pouvait fort bien y en avoir, n'est-ce pas il pouvait en y avoir. Oui... (son regard fit le tour de la chambre) ce boudoir n'a plus rien à nous apprendre. Il n'a pas donné beaucoup de résultats. Seulement ceci : Il tira de sa poche une enveloppe fermée et me la jeta. C'était un document assez curieux. Une vieille enveloppe ordinaire, très sale, sur laquelle étaient tracés certains mots comme au hasard. — Où avez-vous trouvé cela ? demandai-je à Poirot avec une vive curiosité. — Dans le panier à papiers. Vous reconnaissez l'écriture ? — Oui. C'est bien celle de Mrs Inglethorp. Mais qu'est-ce que cela signifie ? Poirot haussa les épaules. — Je ne sais pas, mais c'est assez intéressant. J'eus une idée insensée. Etait-il possible que le cerveau de Mrs Inglethorp eût été dérangé ? Entretenait-elle quelque idée fantastique de possession démoniaque ? Et, dans ce cas, n'était-il pas également possible qu'elle eût attenté à sa propre vie ? (A suivre...)