Climat n Des milliers de partisans et d'opposants au projet de révision constitutionnelle, qui sera soumis à référendum le 1er juillet prochain, ont manifesté dans les grandes villes du Maroc. Dans la capitale, Rabat, sous une chaleur suffocante, la mobilisation était plutôt faible : opposants et partisans ne comptaient pas plus d'un millier de manifestants au total. Pour la première fois cependant, les manifestants favorables au référendum se sont rassem blés en très grand nombre à Casablanca. Une source auprès du ministère de l'Intérieur a chiffré le nombre de ces manifestants à «des dizaines de milliers de personnes». Ces manifestants répondaient à l'appel de partis politiques, notamment celui de la confrérie religieuse soufie «Zaouia Boudchichia», favorable au pouvoir, et dirigée par le Cheikh Hamza, qui a dit avoir mobilisé en masse ses «disciples». «On n'est pas un parti politique, mais il y a une dynamique politique régionale et notre jeunesse veut l'accompagner pacifiquement pour soutenir le projet royal», selon Lahcen Sbaï Idrissi, porte-parole de la confrérie. «Je comprends les revendications sociales de ce mouvement, mais je vais voter pour le projet de Constitution. Je suis pour le roi», indiquait pour sa part un manifestant de 20 ans. Cette manifestation s'est tenue à l'écart des pro-référendum pour éviter des heurts. Pour leur part, quelque 7 000 personnes du Mouvement du 20 Février, qui revendique des changements politiques radicaux, ont manifesté pacifiquement dans le quartier populaire de Hay Mohammadi à Casablanca. «Les Constitutions octroyées à la poubelle», «Non à l'injustice sociale», «Nous boycotterons le référendum», criaient les manifestants. «Je suis ici parce que je refuse toute constitution octroyée. Je veux une monarchie parlementaire», a déclaré à Hamid, qui se présente comme un membre du Mouvement. «Il s'agit de manifestations pacifiques nationales, les cinquièmes, pour montrer que nous utiliserons la rue jusqu'à la réalisation de notre objectif : une véritable monarchie parlementaire», a déclaré un militant de gauche et membre de la section de Casablanca du Mouvement du 20 Février. «L'option pacifique est une stratégie fondamentale. Dimanche dernier, nous avons changé de lieu de manifestation pour éviter tout affrontement avec les contre-manifestants», a-t-il ajouté. Le 19 juin dernier, des manifestations à l'appel du Mouvement du 20 Février, qui appelle au boycott du référendum sur le projet de réforme constitutionnelle s'étaient trouvées face à des partisans de ce scrutin. La plupart des partis politiques ont appelé à approuver le projet constitutionnel, qui renforce les pouvoirs du Premier ministre tout en préservant l'essentiel des prérogatives royales, alors que trois partis de gauche et le mouvement de jeunes du 20 Février prônent un boycott. Vendredi dernier, le mouvement islamiste Justice et bienfaisance, l'un des plus importants au Maroc, a également appelé à «boycotter» le scrutin et déclaré qu'il participera aux manifestations de dimanche aux côtés des jeunes du 20 Février. Le roi Mohammed VI du Maroc avait présenté il y a dix jours un projet de réforme constitutionnelle qui renforceront le rôle de Premier ministre tout en maintenant le statut religieux du monarque et son rôle de chef de l'Etat.