Projection L?Algeria a abrité, en avant-première, Viva Laldjérie, un film de Nadir Moknèche. Sa sortie nationale est prévue le 7 avril. Tout est montré, tout est dit, la réalité sociale algérienne est dévoilée dans sa nudité la plus crue, le réalisateur, Nadir Moknèche, n?a pas lésiné sur l?audace et la franchise, il dit ce qu?il voit, il filme ce qu?il vit, ce que nous vivons, tous, dans une Algérie qui se consume. Son film, Viva Laldjérie, vient renouveler l?imaginaire cinématographique, il se veut un miroir d?une société en déliquescence et en proie au malaise et à la déchirure. C?est une fenêtre ouverte sur une société qui se refuse, qui se cache et cache bien son jeu, qui se nie, notamment une société terne et hypocrite qui se dissimule derrière les apparences. Le film, interprété par Lubna Azabal (Gouassem), Nadia Kaci (Fifi) et Biyouna dans Papicha, aborde ce que les autres films algériens n?ont pas osé dire, dévoiler. Nadir Moknèche ose, il n?a pas froid aux yeux. Il lève le voile sur une société qui se dégoûte, qui se cherche, qui s?asphyxie. Viva Laldjérie raconte la société algérienne à travers Gouassem et Papicha. Papicha, ancienne danseuse, quitte Sidi Moussa. Elle fuit le terrorisme et s?installe avec sa fille, Gouassem, à Alger. Toutes les deux habitent dans un hôtel miteux. Papicha ne travaille plus. En revanche, Gouassem travaille chez un photographe ; parallèlement, elle se fait entretenir par un médecin marié et avec un enfant. Le fils du médecin, un jeune, est homosexuel. Gouassem et Papicha partagent le palier avec Fifi, une jeune prostituée qui reçoit ses «clients» chez elle, dans son appartement, alors que le propriétaire a connaissance de ces rendez-vous nocturnes, mais il préfère fermer les yeux sur les relations douteuses de sa locataire. Le film, Viva Laldjérie, qui met en scène un jeu précis et juste des actrices, soulève donc des tabous comme la prostitution et l?homosexualité, même si celle-ci n?est pas vraiment mise en évidence. Il aborde également le meurtre : Fifi, qui entretenait des rapports affectifs (sexuels) avec un agent de la sûreté nationale, se fait abominablement assassinée par ce dernier. Joué en français, le film offre un autre regard sur le cinéma algérien, un cinéma qui tend à se renouveler tant sur le plan thématique que technique. Nadir Moknèche, et cela à travers son film, dynamite les codes déjà inexistants. Il apporte une nouvelle formule de montrer l?Algérie, en révélant au grand jour des pratiques que l?on cherche absolument à cacher, parce que l?on en a honte. Viva Laldjérie, une coproduction franco-algérienne, est un film neuf, jeune et pratique. C?est un film qui se veut une critique acerbe de la société algérienne.