Eventualité n N'ayant pas réussi à rassembler toutes les parties du conflit, en toute logique ce dialogue ne pourrait pas calmer les tensions et régler la crise. Une réunion sur le dialogue national, organisée par le régime syrien, s'est ouverte dimanche dernier à Damas en présence du vice-président Farouk El-Chareh, mais sans l'opposition, qui refuse toute discussion tant que les violences se poursuivent. Les opposants au régime réclament avant tout dialogue le retrait des forces syriennes des villes, la libération des prisonniers politiques et des manifestants pacifiques, ainsi qu'une enquête sur les crimes commis contre les manifestants. Sur le terrain, les contestataires continuent de manifester, veulent la chute du régime et exigent des élections libres. Les participants ont observé une minute de silence à la mémoire des «martyrs», puis l'hymne national syrien a retenti. M. Chareh a affirmé au début de la rencontre que celle-ci visait à préparer une grande réunion nationale : «Nous allons avoir une réunion nationale globale pendant laquelle nous annoncerons la transition de la Syrie vers un Etat multipartite, démocratique, où tous seront égaux et participeront à l'édification de l'avenir du pays.» «Ce dialogue commence dans un climat inconfortable, de suspicion (...) et il y a beaucoup d'obstacles naturels ou artificiels qui (empêchent) la transition» vers la démocratie, a poursuivi le vice-président. «Ce dialogue n'est pas une concession du gouvernement au peuple, mais une obligation pour tous les citoyens», a-t-il martelé, avant d'annoncer la suppression d'ici à une semaine par le ministère de l'Intérieur des «obstacles au retour de tout citoyen en Syrie ou à un voyage à l'étranger». «Les circonstances ont empêché une application entière des lois récemment promulguées, comme celle qui a annulé l'état de d'urgence», a-t-il ajouté. «Il faut sortir de ce cercle vicieux (...) et organiser des manifestations sans autorisation préalable entraîne une violence injustifiée», a dit M. Chareh. «Il faut cependant reconnaître que sans les sacrifices consentis par le peuple syrien qui a versé son sang dans plus d'un gouvernorat, cette réunion n'aurait pas pu avoir lieu», a concédé le responsable. «Sans un système politique multipartite démocratique (...) notre société ne parviendra pas à la liberté et à la paix civile», a-t-il ajouté, soulignant que «le dialogue doit se poursuivre sur le plan politique pour ouvrir une nouvelle page dans l'histoire de la Syrie». Les participants doivent débattre pendant deux jours de réformes politiques, notamment d'amendements à la Constitution, en particulier à la clause qui fait du parti Baas «le dirigeant de l'Etat et de la société». Des représentants du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, et des personnalités indépendantes, comme le député Mohammad Habache, sont présents à la réunion. Dans un discours le 20 juin à l'Université de Damas, le président Assad avait appelé à un «dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution».