Les députés de l'opposition ont annoncé leur détermination à obtenir la démission du gouvernement. Deux semaines après l'assassinat de Rafik Hariri, le Liban se trouve confronté à un moment crucial de son histoire. L'opposition et les alliés de la Syrie s'acheminaient, aujourd'hui vers une épreuve de force, dans la rue et au Parlement. Cela au moment où un émissaire américain a entamé à Beyrouth des contacts pour un retrait militaire syrien total du Liban. Depuis samedi soir, les routes menant au Parlement ont été barrées à la circulation. Idem pour hier matin où des soldats et des policiers étaient postés aux principaux accès de la place de l'Etoile où se trouve le siège du Parlement et où doit se dérouler un vote de confiance. Alors que les députés de l'opposition ont annoncé leur détermination à obtenir la démission du gouvernement pro-syrien d'Omar Karamé, ce dernier mise sur la majorité pro-syrienne pour faire échec à la motion de censure de l'opposition. D'après des sources proches de l'opposition libanaise, 50 députés ont demandé à intervenir lors de la séance. Pour mettre la pression sur le gouvernement, l'opposition plurielle a appelé à un rassemblement sur la place des Martyrs lors du débat du Parlement et s'est jointe à un appel à la grève générale lancé par les instances économiques du pays. Irrités par cette mobilisation, les alliés de Damas ont choisi de contre-attaquer. De leur côté des associations pro-syriennes ont appelé à une manifestation, aujourd'hui sur le site du rassemblement de l'opposition en signe, disent-elles, de protestation contre la visite de l'émissaire américain David Satterfield au Liban. Ce haut responsable du département d'Etat doit rencontrer dans la soirée des membres de l'opposition, M.Satterfield s'est déclaré sceptique sur l'annonce syro-libanaise d'un proche redéploiement militaire, affirmant: «Cela fait deux jours que les Syriens parlent de retrait, sauf qu'on n'a encore rien vu». L'équipe de l'ONU, chargée par le secrétaire général de l'organisation Kofi Annan d'enquêter sur l'assassinat de Hariri, poursuivait sa mission au Liban. Pour sa part, le président égyptien a reçu hier au Caire, le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk El-Chareh, qui lui a remis un message du président Bachar El-Assad, a annoncé la présidence égyptienne. Dans des déclarations à la presse après ces entretiens, M. Chareh a affirmé que «la Syrie est engagée à respecter toutes ses obligations découlant de l'accord de Taef» (Arabie Saoudite - 1989), qui régit la présence des troupes syriennes au Liban, a dit le ministre syrien- «Il n'existe pas de consensus libanais sur la résolution 1559 (du Conseil de sécurité des Nations unies), mais il existe un consensus total sur l'accord de Taef au Liban», a dit M.Chareh. A noter que dans la nuit de samedi à dimanche une statue du président syrien défunt Hafez Al-Assad a été déboulonnée à l'entrée du village chiite de Qana, au Liban Sud. La statue a été arrachée de son socle, jetée à terre et endommagée en partie.