Passerelle Des étiquettes collent à la peau de l?Orient comme une mauvaise réputation. Elles ternissent son image alors que la réalité est tout autre. L?Orient offre une image négative de soi à travers l?islamisme, le terrorisme, le totalitarisme politique, le conservatisme social, l?immobilisme intellectuel, l?ankylose artistique, l?arriération économique, l?attentisme. Tous ces traits font que l?Occident, fier, imbu de son savoir-faire dans tous les domaines, porte un regard réducteur en direction de la nation musulmane ; son regard gratuit témoigne littéralement de sa méconnaissance du monde musulman, de son histoire, de sa culture, de sa religion et de son organisation sociale. Cette ignorance de l?Orient par l?Occident est due au fait que ce dernier refuse d?aller vers l?autre pour le découvrir, le connaître, il refuse de l?approcher, de l?assimiler à son regard. Toutefois, certains pays européens, comme la France, soucieux de comprendre autrui, celui qui est différent de leur culture, de leur religion, de leurs pratiques sociales, formulent le souhait d?aller vers l?autre. En France, l?Institut du Monde arabe ?uvre en ce sens. Il constitue un trait d?union entre les deux mondes, une passerelle reliant deux cultures, deux histoires. Créé dans l?objectif de mieux approcher le monde musulman, l?Institut du Monde arabe contribue à rétablir et maintenir le dialogue, en organisant diverses manifestations (théâtre, projection de films, récitals de musique, conférences et débats) pour montrer l?extraordinaire patrimoine culturel et l?exercice artistique musulman ; il s?agit d?un espace de rencontres, de découvertes et de dialogue. Par ailleurs, pour mieux approfondir la connaissance de l?Orient, le musée du Louvre envisage d?inaugurer, en 2009, un pavillon dans lequel seront présentés des objets, des ?uvres et tout ce qui peut se rapporter à l?art, à la culture et à l?histoire islamique. Avec dix mille pièces, ce pavillon offrira une meilleure connaissance de «toute l?étendue de l?histoire des arts de l?islam», du «champ culturel de la civilisation islamique de l?Espagne à l?Inde». De son côté, Athènes compte, en juin prochain, inaugurer un nouveau musée d'art islamique, qui accueillera les collections du grand mécène grec Antonis Benaki, datant des VIIe au XIXe siècles et couvrant une large aire géographique s?étendant de l'Inde à l'Espagne. Sur une surface de 1 000 m2, ses quatre salles vont accueillir, réparties par grandes périodes chronologiques, environ 1 500 des quelque 10 000 ?uvres d'art islamique acquises par le fondateur décédé du musée Benaki, un riche négociant grec d'Egypte, a précisé M. Delivorias dans une conférence de presse. Le musée ambitionne de «donner une image représentative de l'art islamique du VIIe au XIXe siècle, du déplacement de ses centres de création et de son influence sur d'autres cultures». Le musée, qui se veut «pédagogique», doit aussi «constituer un centre d'étude et de recherche, une fenêtre de communication ouverte sur l'Orient». Cette initiative de grande envergure s?inscrit, d?emblée, dans une politique qui, elle, se traduit par ce désir, cette volonté de s?approcher du monde musulman, de se montrer ouvert à l?histoire et à la civilisation islamique, pour l?entretenir, maintenir, approfondir et favoriser le dialogue et l?échange économique, privilégier les liens politiques, voire diplomatiques.