Résumé de la 96e partie n Celui qui deviendra l'un des plus grands matadors du monde, est né dans une famille pauvre de toreros, mais dont aucun n'a atteint la gloire. La famille est pauvre, très pauvre même , mais honnête. Le père, Sanchez, est tout le temps à la recherche d'un travail et il ne dédaigne pas ce qu'on lui offre pourvu qu'il rapporte de quoi nourrir sa nombreuse famille. Mais souvent, celle-ci doit se passer de dîner… Tout comme les nombreuses familles qui s'entassent dans le quartier pauvre de la Merced. Le petit Manolete grandit donc dans la pauvreté. A l'âge de deux ans, il a une pneumonie qui manque de l'emporter. Il s'en tire mais il est si affaibli qu'il va en garder des séquelles pendant de longues années : une grande chétivité mais surtout une sorte de mélancolie qui marque ses grands yeux noirs et son visage émacié. Tout petit déjà, il se rend avec les gamins de son âge voir les taureaux enfermés dans les enclos. Il aime ces bêtes aux flancs puissants qui tapent le sol de leur sabot et soulevent, avec le souffle de leurs naseaux, la poussière. — Manolete ! Ne t'approche pas trop des bêtes ! Il ne recule pas. — Je veux les toucher ! dit-il, les yeux brillant d'envie. — Petit comme tu es, tu risques de rouler sous leurs pattes et de te faire tuer ! Mais l'enfant répond : — Plus tard, je serai torero ! Son père, qu'il accompagne pour voir les taureaux, sourit mais ses copains, eux, le regardent avec ironie. — Toi, contre ces bêtes ? Mais tu te ferais écraser au premier combat ! Manolete ne répond pas : on peut toujours se moquer de lui, mais il sera torero. Il ne sait pas encore comment il fera pour mater ces bêtes qui semblent si fortes mais il sent que ce sera sa vocation. En attendant, le malheur frappe à sa porte. Son père meurt en 1923, laissant sa famille entièrement démunie. Sa mère doit se débrouiller toute seule pour le faire vivre et faire vivre ses sœurs. Mais malgré la misère, malgré la faim qui le tenaille, il n'a pas renoncé à son rêve : il sera torero ! Il va à l'école mais c'est aux taureaux qu'il pense, aux arènes et à l'habit de lumière. Un enfant des quartiers populaires, un petit miséreux peut-il devenir un grand torero ? Manolete le croit. Son père ne lui citait-il pas l'exemple des virtuoses de l'arène de l'époque, tels Belmonte ou El Guerra, issus de familles pauvres comme lui ? «Je serai torero !» Et la nuit, quand tout le monde dort, il quitte en cachette la maison et se rend, avec des gamins de son âge, dans les enclos où on garde les taureaux. Et là, armé d'un roseau ou d'une baguette, il s'amuse à exciter les bêtes. «Olé, toro, olé !» Quand quelque gardien, attiré par le bruit le surprend, il lui envoie une gifle ou un coup de pied. «Rentre chez toi, gringalet !» Il rentre, se frottant la joue, les larmes aux yeux, mais le lendemain, il revient. (A suivre...)