Protesta n La police a investi une mosquée où s'étaient retranchés des dizaines de manifestants venus participer à un sit-in de contestation devant le siège du gouvernement. «Des policiers sont entrés à l'intérieur de la mosquée où des manifestants continuaient leur sit-in de contestation et ont agressé violemment les protestataires», a déclaré Abdelwahab El-Héni, chef du parti Al-Majd. «C'est une manifestation pacifique, donc ça ne méritait pas tant de violence», a protesté cet opposant au régime de Ben Ali qui a passé 20 ans en exil, ajoutant qu'il entendait porter plainte contre le ministre de l'Intérieur, Habib Essid. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, les forces de l'ordre sont intervenues pour «disperser un groupe de personnes qui ont jeté des pierres en direction de la place de la Kasbah où siège le gouvernement, endommagé des voitures et blessé des citoyens». Les policiers avaient été déployés en force hier, vendredi, à Tunis pour empêcher l'organisation d'un sit-in de contestation, dont les divers mots d'ordre avaient été relayés sur les réseaux sociaux : démission des ministres de l'Intérieur et de la Justice, condamnation des auteurs d'exactions pendant la révolution, justice indépendante... Les premiers protestataires étaient arrivés dès le matin de province et s'étaient rassemblés à la Kasbah. Les tirs de lacrymogènes ont eu lieu lorsque des centaines de personnes se sont jointes à la manifestation après la prière du vendredi, selon des témoins.Des véhicules blindés barraient toutes les issues conduisant à la place du gouvernement, autour de laquelle des hauts barbelés étaient érigés. Plusieurs corps de police appuyés par des militaires étaient postés sur la place, en amont et en aval, formant des cordons infranchissables. Parmi eux, il y avait des groupes de policiers en civil armés de bâtons. «Nous venons pour une manifestation pacifique, nous n'avons rien contre vous», a lancé aux policiers Ziyad, un jeune enseignant venu de Kelibia à 120 km de Tunis. Une nuée de jeunes, bandanas et T-shirt barrés de slogans semblaient décidés à affronter les cordons compacts de la police«Nous ne voulons pas la chute du gouvernement, mais il doit cesser de faire appel aux cadres du parti de Ben Ali qui ont repris du service», a-t-il ajouté. «Personne n'a le droit de confisquer la révolution du peuple», criait une jeune fille en foulard. Depuis la chute du régime de Ben Ali, les manifestations et sit-in se sont multipliés en Tunisie. D'importants renforts étaient également visibles dans le centre de la capitale tunisienne.