En 1923, l?Anglais Fred Cornell fouille le désert d?Afrique du Sud. Il erre ainsi depuis treize ans à la recherche de la grotte où le roi Salomon a caché son fabuleux trésor. Le petit homme est seul en enfer, quelque part sur le 29e parallèle, au-dessous de la boucle du fleuve Orange, en plein pays bochiman. Cent fois il a manqué mourir de faim. Cent fois il s?est terré dans un trou, tremblant de fièvre. Il n?a plus guère que la peau sur les os. Le soleil a brûlé ses yeux, a rongé ses cils. Il est devenu une bête du désert, flairant l?eau et le petit gibier. Pour le moment, il ne sait même plus ce qu?il cherche. Il marche. Nul n?habite ce pays infernal, à part quelques dizaines de sauvages. La chaleur dépasse parfois 60° dans la journée. Les serpents et les scorpions peuplent les pierres. L?espoir qui mène Cornell, c?est peut-être une simple légende. On dit que le roi Salomon a enterré, quelque part dans ce désert, l?immense butin extrait de ses mines. Et l?on raconte qu?il y a un siècle, un homme a trouvé, par là, de l?or et des diamants. Son histoire a fait le tour des missions installées au bord du fleuve. Cornell a fait mieux qu?en recueillir le récit. Il a tant interrogé, qu?il a obtenu ce que tout chercheur de trésor rêve de posséder : une carte. Elle a été établie par un missionnaire de Pella dans les années 1830. Elle est vieille, déchirée, approximative. La vallée de Koa comporte des erreurs de l?ordre d?une centaine de kilomètres au moins. Mais une grotte y est signalée, assortie du signe de Salomon. C?est là, à n?en pas douter, que les richesses du grand roi dorment depuis des siècles. Et chaque pas de Cornell, depuis treize ans, le rapproche de cette fabuleuse fortune. Un jour de 1923, par 65° au soleil, à 1 000 km du Cap, il tombe à genoux. Devant lui s?ouvre un grand trou noir, une sorte de puits dans les rochers, à demi recouvert de broussailles. Il n?ose pas y descendre. Depuis le temps qu?il cherche sans trouver, il a peu à peu abandonné son matériel. Il n?a pas pensé que le jour où il trouverait, il aurait besoin de cordes, de pioches et d?aide. Pour essayer de deviner la profondeur du trou, il y jette des cailloux et ne les entend pas tomber. Au bout de trois jours de réflexion, il prend une décision. Il va retourner à la civilisation, y chercher un associé, de l?argent et du matériel. En attendant, l?essentiel est de repérer exactement les coordonnées de la grotte. Cornell établit sa propre carte et reprend la direction du Cap : un millier de kilomètres à pied? En chemin, au hasard des rencontres, il se renseigne avec précaution. Mais personne ne semble connaître une grotte sur le territoire dont il parle. Enfin il arrive au Cap, s?y installe dans un hôtel miteux. Et là, il déchire la carte sur laquelle il a situé le puits. Il est sûr de pouvoir le retrouver. Et une autre folie commence pour lui, la peur d?être volé de ce trésor qu?il n?a pas encore atteint. Il veut être le seul dépositaire du secret. La carte étant détruite, à moins de refaire l?extraordinaire chemin qu?il a accompli depuis treize ans, personne ne peut arriver sans lui au puits de Salomon. Même le pire des assassins ne le tuerait pas avant d?être arrivé sur place ! Fred Cornell trouve enfin son associé, dans un bar, six mois plus tard. Il s?appelle Gers, c?est un Boer. De la pointe de ses bottes à ses cheveux blonds et plats, il mesure deux mètres. D?un seul coup de son énorme poing, il pourrait tuer Cornell. Heureusement, il est si stupide qu?il n?a même pas compris l?importance du butin à récupérer. En fait, la caverne de Salomon se trouve sur les territoires interdits des mines de diamants. Quiconque s?y fait prendre est immédiatement jeté en prison. Cornell lui, ne s?est jamais fait repérer, parce qu?il n?a jamais demandé d?aide à personne. Malade, presque mourant, sans eau ou sans vivres, il a résisté comme un animal, se terrant à la moindre alerte. Cornell pense donc que si lui, un petit homme maigre, a résisté à l?enfer du désert, un géant de deux mètres devrait pouvoir le faire. Mais Gers est un porte-guigne. (à suivre...)