Des affrontements se sont poursuivis hier, vendredi, pour la deuxième journée consécutive à Jbeniana, dans la région de Sfax, au sud-est de la Tunisie, où un couvre-feu d'une durée indéterminée a été décrété. «Le couvre-feu est instauré de 20h à 05h locales à partir de ce vendredi pour une période indéterminée», a affirmé Hichem Moueddeb, porte-parole du ministère de l'Intérieur. «Des habitants de Mesratia, un village voisin, forcent nos maisons, blessent nos enfants à coups de sabres et armes à feu», a déclaré une habitante de Jbeniana, s'interrogeant sur «l'absence de la police et des militaires». Selon Moueddeb le ministère a doublé l'effectif de la police dans cette région, où des violences ont fait jeudi dernier 40 blessés lors d'affrontements entre les habitants de Jebeniana, un village agricole de la région de Sfax, à 300 km au sud de Tunis, et d'autres venus du village voisin de Mesratia. Des armes blanches, des gourdins et des pierres avaient été utilisés dans ces affrontements, qui s'étaient étendus à l'hôpital local où des équipements ont été endommagés. Les violences ont éclaté à la suite d'un désaccord entre les habitants de Jebeniana et de Mesratia «au sujet d'un vol de voiture», selon le ministère de l'Intérieur. La Tunisie connaît épisodiquement des violences dans les régions et un regain d'agitation après une période d'apaisement ayant suivi le soulèvement populaire qui a fait tomber en janvier dernier le régime de Ben Ali. Le 26 juillet dernier, le président par intérim, Fouad Mebazaâ, a signé un décret prolongeant pour une durée indéterminée l'état d'urgence instauré le 14 janvier dernier. Par ailleurs, Abdelrahim Zouari, ancien ministre sous Ben Ali, a été maintenu en détention provisoire pour des charges de corruption, après avoir été blanchi jeudi dernier dans une affaire de financement illicite de l'ancien parti au pouvoir, a indiqué, hier, vendredi, l'agence officielle TAP. L'agence avait annoncé à tort auparavant sa remise en liberté. Zouari a, en fait, bénéficié d'un non-lieu dans l'affaire de financement illicite du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, dissous), ses avocats ayant plaidé une prescription des faits qui remontent à plus de dix ans. L'homme a été deux fois secrétaire général, avant 2001, du RCD, parti de l'ex-Président tunisien.