Résumé de la 2e partie n Le commissaire Kapler dit avoir pu arrêter les agresseurs grâce à la voiture de la victime, Ulrich Macken... Après avoir laissé à l'avocat de la partie civile le temps de jouir de son effet, le président invite le témoin à poursuivre sa déposition. «Je disais, poursuit donc le commissaire Kapler, que c'est grâce à cette voiture et par le plus grand des hasards que j'ai réussi à mettre la main sur les agresseurs. En effet, lorsque je suis retourné sur les lieux, le lendemain matin, j'ai eu la surprise d'y voir la Ford grise 1966 de la victime avec ses petites roses sur chaque porte. Un jeune homme s'éloignait du bois. J'ai sorti mon revolver et je l'ai arrêté. C'était un travailleur yougoslave âgé de vingt-cinq ans. Dans son portefeuille se trouvait le permis de conduire de la victime. «Ce n'est que le soir que nous avons pu arrêter son compagnon qui, m'ayant aperçu, avait réussi à s'enfuir et à se cacher dans une étable. Les deux malfaiteurs m'ont donné le nom de leur complice, un troisième ouvrier yougoslave âgé de vingt-neuf ans. Voici comment j'ai reconstitué le crime... — Je vous propose, monsieur le commissaire, de nous en donner les grandes lignes, mais très vite, car nous n'avons pas à juger ici ces trois tristes criminels, notre procès est d'un autre ordre. — Comme vous voudrez. Le soir du Nouvel An, le jeune Ulrich est sorti d'une discothèque de Cologne. Vers vingt-deux heures, il a gratté la glace sur les vitres de sa voiture. Les trois Yougoslaves sont sortis également d'un bar. Ils avaient l'intention d'aller voir une amie en ville, mais répugnaient à s'y rendre à pied par le froid qu'il faisait. C'est alors qu'ils ont aperçu Ulrich qui venait de mettre son moteur en marche. «Rapide comme l'éclair, l'un d'eux a ouvert la portière et saisi le jeune homme par les cheveux. Lui mettant un couteau sous la gorge, il l'a poussé sur le siège de droite. Les autres sont montés dans la voiture qu'ils ont conduite à la sortie de la ville. Là, à coups de poing et de pied, ils ont poussé le pauvre Ulrich dans le bois où il a dû se dévêtir. Puis, après lui avoir mis un chiffon dans la bouche pour le bâillonner, ils l'ont attaché à un arbre avec du fil électrique trouvé dans la voiture, et, là-dessus, ils sont rentrés tranquillement à Cologne. «Le lendemain, c'est par pure curiosité, pour savoir ce que le jeune homme était devenu, que deux d'entre eux sont retournés dans le petit bois et me sont tombés dans les bras. Je dois dire...» Le commissaire poursuit lentement en détachant chaque mot : «Je dois dire que l'un d'entre eux a avoué qu'il était certain, étant donné le froid qu'il faisait, que le jeune homme était mort, si personne ne l'avait secouru. — Nous y voilà...» dit alors le président. Et tous les regards de la salle se tournent vers les six accusés qui, chacun à sa manière, mais tous difficilement, tentent de rester dignes. Le commissaire Kapler et le juge d'instruction, en reconstituant la chronologie de l'affaire, ont été frappés par un détail. Le jeune homme est sorti de la discothèque de Cologne vers vingt-deux heures. D'après les criminels, il aurait été attaché et abandonné à son arbre vers vingt-deux heures trente. Ce que semble confirmer la couche de neige qui recouvrait leurs traces. En outre, la couche de neige accumulée sur les profondes empreintes que le jeune homme a laissées en sautant à pieds joints jusqu'à la route, indique qu'il a réussi assez vite à se détacher de son arbre. En revanche, aucune trace de neige sur son corps lorsqu'il a été découvert. Or, la neige n'a cessé de tomber que vers cinq heures du matin. (A suivre...)