Retournement n Si dans un passé récent, nos émigrés se bousculaient avec des valises pleines de vêtements et chaussures pour les offrir à leurs proches, aujourd'hui c'est au «bled» qu'ils s'approvisionnent. Il y a quelques années, l'arrivée d'un proche parent de l'étranger était synonyme de cadeaux, souvent des vêtements. Auparavant, dans les familles aisées, les parents se rendaient dans un pays étranger pour faire leurs achats en prêt-à-porter, pas forcément des produits de marque. Mais, ces dernières années, les choses ont changé ! L'idée même de se rendre dans un pays étranger juste pour acheter de quoi vêtir et chausser les membres de sa famille ne traverse même plus les esprits. On assiste plutôt à un rush des émigrés sur les magasins, quand ils viennent au pays pendant les vacances. «Durant l'été, 80% de nos clients sont des émigrés. Il y a ceux qui déboursent jusqu'à 2 000 euros», nous a déclaré un vendeur dans un magasin à Alger, commercialisant une marque très connue mondialement. Selon ses dires, les émigrés témoignent de la cherté de ces produits sur les marchés européens par rapport au marché algérien. «La majorité d'entre eux s'étonne que les mêmes produits que ceux proposés en Europe soient vendus en Algérie à des prix très abordables, tandis que les habitués viennent remplir leurs valises et repartent», a-t-il dit. Il est vrai qu'économiser 400 à 500 euros en ces temps de crise, et en plus sur des produits de marque, n'est pas de refus. Ce qui a alerté Brahim au lendemain de l'obtention de son visa pour poursuivre des études en France. Se rappelant de l'expérience qu'il a vécue durant un mois de vacances dans l'Hexagone, il a vite pensé à faire des achats, notamment en prêt-à-porter pour éviter toute mésaventure en ce sens. «Quand je me suis rendu en France, les prix des vêtements et chaussures m'ont surpris. Les prix sont vraiment élevés par rapport à ceux pratiqués chez nous», a-t-il reconnu. Pour ce jeune de Tizi Ouzou, il est utile de prendre ses précautions et économiser ainsi jusqu'à 50% de son budget réservé aux achats de prêt-à-porter. «Regardez ces baskets, c'est mon frère qui me les a offertes lorsque j'étais en France. Il les a payées 75 euros et pourtant ce n'est pas du cuir. Je suis sûr que sur le marché algérien, leur prix ne dépasse pas les 3 000 DA. Vous voyez, ça fait plus de 50% d'économie», nous a-t-il dit. «C'est vrai que voyager avec beaucoup de bagages c'est gênant. Avec ma méthode, j'évite de dépenser au moins 1 000 euros. Surtout que les premiers temps, je n'aurai pas de revenus stables. Je préfère de loin me donner la peine avec des valises lourdes plutôt que de me retrouver sans un sou en poche», a-t-il affirmé.