A Staouéli, depuis le début de l'été, les douces soirées sur la côte algéroise n'ont connu aucun break. Les fortes chaleurs qui créent de grands désagréments, surtout en ce début de ramadan, font que les gens ont plus tendance à sortir le soir pour chercher quelques distractions et fraîcheur. 19h 50. Les rues se vident. Même les SDF ont déserté les lieux pour rejoindre les différentes Meïdat ramadan. Les divers muezzins entremêlent leurs appels à la prière du maghreb à la rupture du jeûne. Dans ce décor digne d'une ville fantôme, seuls quelques chats se disputent un reste de poisson. Il faut au moins une demi-heure pour voir la ville reprendre, subitement, son activité. Un premier jeûneur qui sort griller une cigarette et puis un autre et un autre et, enfin, une grande partie de la population se déverse dans les rues, comme du sang qui repart à l'assaut des venelles du corps. Si certains partent à l'abordage des mosquées pour la prière des tarawih, les autres partent à l'assaut des terrasses de cafés et autres salons de thé. C'est qu'en ce début de ramadan, l'animation officielle est pratiquement indigente. Hormis un maigre programme au complexe touristique de Sidi-Fredj. Et les programmes télé pas très riches ne suscitent pas un grand enthoutiasme. Alors, ne restent que les sorties en famille ou les visites entre proches ou voisins. Ces alternatives pallient, avec bonheur, le déficit criant en activités culturelles durant ce mois. Bien avant l'adhan, les terrasses de cette commune balnéaire ont sorti leurs plus belles nappes fleuries dans l'attente d'une clientèle à l'affût, comme les abeilles attirées par le miel, des crèmes glacées et autres brochettes. «Après le f'tour, rien ne vaut vraiment les terrasses de Staouéli. Depuis le premier jour de ramadan et, comme tous les ans, je viens régulièrement ici pour apprécier la vie, autour d'un thé à la menthe et une glace. C'est irremplaçable d'autant que les copains vont me rejoindre tout à l'heure pour une grande randonnée au Port de Sidi-Fredj. Et dans nombre de salles, on a troqué les habituelles et innocentes nappes orange contre les fameux tapis verts propres au jeu.» C'est que durant ce mois, beaucoup s'adonnent avec une grande frénésie aux jeux de cartes et de hasard à l'intérieur de «clubs improvisés», dans le but d'arrondir les fins de mois ou, pourquoi pas, gagner un bon pactole pour assurer les dépenses de l'Aïd. Certains y gagnent juste de quoi garnir plus richement la meïda du ramadan, d'autres, selon un habitué des lieux, «y laissent leurs chemises».Ce n'est que vers 3h que les lieux se vident.