Usage n De plus en plus d'émigrés passent leur ramadan au pays, surtout depuis que ce dernier coïncide avec la saison estivale. Pour beaucoup de familles résidant à l'étranger, il est hors de question de penser à l'Aïd Seghir sans la convivialité familiale. «C'est sacré de passer le ramadan et l'Aïd dans notre pays», estiment la plupart des émigrés interrogés sur la question. «Le ramadan a une autre saveur chez nous. Cela a un goût et un charme particulier…», dit Mounir, 37 ans, qui vit avec sa famille en Angleterre depuis 7 ans. Cette année, Mounir a été contraint d'avancer son retour, alors qu'il a l'habitude de passer ce mois de carême avec ses parents, à Garidi (Kouba). «J'ai préféré venir avant pour assister au mariage de ma sœur aînée Zakia, début juillet.» Omar, orthophoniste, qui vient de rentrer de Dammam (Arabie saoudite) ne conçoit même pas l'idée de se retrouver à table pour l'iftar, sans que toute la famille soit réunie. «L'ambiance de ramadan est typique, cela a un goût spécial. Et qui dit ramadan, dit plusieurs mets succulents, réunion de famille et soirée arabesque. Comment peut-on passer le ramadan sans ces éléments-là ? Je pense que cela est impossible. Quoi qu'on fasse et quelle que soit notre compagnie, ramadan rime avec famille», témoigne Halim, 42 ans, homme d'affaires en France. «Jeûner à l'étranger n'est pas ma tasse de thé (...) A quelques jours de ce mois sacré, je prépare mon retour au bled. (...) Je demande un visa sans même réfléchir. Cela est devenu très courant pour moi, je rends visite à ma mère et c'est aussi une occasion pour les grandes retrouvailles avec mes oncles, mes tantes, mes amis d'enfance et surtout mes voisins de quartier qui attendent impatiemment mon retour», témoigne Boualem, résidant au Canada depuis cinq ans. «Je ne peux pas me passer de la galette de maman, de la chorba… et de toutes ces odeurs du ramadan. La ferveur et l'ambiance des nuits ramadanesques très mouvementées me manquent, je ne vais quand même pas me priver de ces plaisirs», nous dévoile de son côté Karim, 52 ans, résidant à Paris depuis une trentaine d'années. Sadek, qui a monté son projet à Oum El-Bouaghi, nous dit : «Je suis obligé de faire Paris-Alger plusieurs fois par an pour mes affaires, seulement quand ramadan arrive je laisse tout de côté.» Il est important de savoir, en outre, que l'aspect spirituel et bien d'autres considérations purement religieuses caractérisant les pays musulmans sont déterminants et poussent certains conservateurs à être au rendez-vous durant ce grand événement religieux.