Résumé de la 5e partie Au fil des jours, Khedidja ne reçoit plus de visite. Elle est de nouveau seule et abandonnée. Petit à petit, elle perd ses dernières illusions. «Mon frère et mes s?urs m?abandonnent. Comment puis-je en vouloir à mon mari, qui est pour moi un étranger ?» Parfois, pour tromper sa solitude, elle se met à chantonner, assise sur son matelas, des chansons d?autrefois, ou à reprendre tout haut, pour faire entendre sa voix, des conversations dont elle se souvient avec sa mère, ses s?urs, quand elles n?étaient encore que des adolescentes. Dans le noir, ses souvenirs s?égrennent, les bons puis les mauvais. Parfois, se rappelant les chants des mariages de son douar, elle élève la voix et, de leurs appartements confortables, ses s?urs l?entendent et un moment, ce sont leurs souvenirs à elles qui reviennent à la surface. Puis, comme pour chasser un remords, elles disent : ? Khedidja est devenue folle ! Elle perd la raison, la pauvre? ? Ecoutez, nous ne pouvons continuer à la garder ici ! Ali prend son air sévère, regardant tour à tour ses deux s?urs. ? Il n?y a pas de raison? Son mari s?est débarrassé d?elle, il est tranquille ! Alors, puisqu?elle est sa femme, il est le premier responsable? S?il était mort, d?accord, mais il est bien vivant. «Un lion devrait prendre sept jours pour le dévorer?» Alors, il faut qu?il prenne soin de sa femme? Quand nous la lui avions donnée, elle était en parfaite santé et maintenant qu?elle est infirme, il la «jette» à sa famille? C?est un salaud? Les deux s?urs, assises sur un matelas, près de Touma, baissent la tête, embarrassées, n?osant applaudir une décision qui va les soulager de la corvée que représentent pour elles les soins quotidiens à donner à cette pauvre Khedidja. ? Tu as raison, murmure Hadja Zohra, c?est à son mari de s?occuper d?elle? c?est ce que dit la charia. Touma renchérit : ? Vous êtes fatiguées mes s?urs, vous ne pouvez indéfiniment soulever cette pauvre infirme, à votre âge. Je vous aurais bien aidées, mais vous savez que moi aussi, je suis malade? Et elle prend un air désolé, fronçant ses fins sourcils sous son foulard serré sur son front. (à suivre...)