On n'en finit pas de découvrir toute l'étendue du marasme dans lequel baigne notre système de santé publique : mauvaise gestion, irresponsabilité, cacophonie, gabegie… Les mots ne manquent pas pour décrire une situation désastreuse qui a fini par vider de son sens un concept aussi noble que la gratuité des soins. Cela alors que nos responsables se contentent de dresser des constats, comme si les solutions devaient tomber du ciel. Cette annonce a été faite, hier, samedi, par le ministre de la Santé et de la Population, en marge de sa visite de travail et d'inspection au CHU de Tizi Ouzou. «Ce matériel acquis chez un même fournisseur n'a jamais été utilisé», a précisé Djamel Ould Abbès. Le président de la commission de la santé de l'APW de cette wilaya a fait part en ce sens, au ministre, de l'existence au sein de cet établissement sanitaire d'un «stock de 100 millions de dinars d'équipements d'ophtalmologie qui n'est jamais sorti des cartons». Ces révélations pour le moins surprenantes et révoltantes, ne sont pas les premières du genre. Lors de sa visite récemment dans la wilaya de Annaba, le ministre avait annoncé que «plus de 3 000 unités de matériels et équipements médicaux de haute technologie acquis depuis des années demeurent emballés dans des cartons dans différentes structures de santé à travers le pays». Un autre aveu du ministre qui en dit long sur la situation dramatique des structures de la santé publique en Algérie. A l'occasion du 14e Salon international du médicament et de l'équipement médical, Ould Abbès avait également reconnu que sur un total de 73 000 appareils médicaux, quelque 10 000 sont actuellement en panne ! Pour parer à ce problème portant préjudice aux dépenses publiques, le premier responsable du secteur, a affirmé que «ce matériel non utilisé sera bientôt affecté vers les hôpitaux des régions où un besoin important est exprimé dans ce domaine». Par ailleurs et concernant la pénurie de certains médicaments, le ministre de la Santé l'a imputée à des «dysfonctionnements dans la gestion et la distribution» de ces produits. «L'Algérie compte actuellement quelque 570 distributeurs de médicaments, dont des importateurs et des grossistes.» C'est dire la nécessité, a précisé le ministre, «d'assainir le marché du médicament pour le débarrasser des prébendiers versés dans le trafic», sachant, a-t-il fait valoir à titre indicatif, que la Tunisie et le Maroc ne disposent que de 30 à 40 distributeurs de médicaments. Le ministre a également insisté sur «la nécessaire solidarité devant prévaloir entre les hôpitaux en matière de circulation des médicaments». Or, a-t-il déploré, «des hôpitaux préfèrent stocker des médicaments et attendre qu'ils soient périmés pour les restituer à la pharmacie centrale, plutôt que d'en faire bénéficier un autre hôpital confronté à un besoin crucial». A titre d'exemple, il a fait part de la restitution de 75 000 doses d'adrénaline périmées par l'hôpital Parnet d'Alger pour la PCH, alors que des structures de santé, au niveau national, en sont dépourvues, a-t-il conclu.